UTL. Aimé Césaire 1913-2008 par Nicole Lucas 21 03 2016

UTL. Aimé Césaire 1913-2008 par Nicole Lucas 21 03 2016

 

« Intellectuel, homme de conviction, homme libre » Nicole Lucas, historienne, a fait le lundi 21 mars 2016 un brillant portrait d’Aimé Césaire, devant les membres de l’UTL.

« Quand tu ne sais pas où tu vas, rappelle-toi d’où tu viens » Attaché à son « bloc de rocher », de Basse-Pointe à Fort-de-France, Aimé Césaire est lucide sur les problèmes qui se posent à sa terre. Né à Basse-Pointe le 26 juin 1913, Aimé Césaire se veut Antillais et Français. Il entre au lycée Louis Le Grand en 1931 et rencontre Léopold Sédar Senghor. Il devient normalien puis professeur de lettres. Il se marie à Suzanne Roussi en 1937. « Communiste bizarre » dans cet avant-guerre qui oscille entre fascisme et front populaire, il crée avec Léopold « L’étudiant noir ». Il défend « la négritude », ensemble des valeurs culturelles et spirituelles propres aux noirs ; « Pour vivre vraiment il faut rester soi ».

 

L’écriture est une arme

 

Pour Aimé Césaire l’écriture est une arme. Edité en 1939 le « cahier d’un retour au pays natal » est un itinéraire poétique et personnel, proche du surréalisme. Cette même année il est devenu professeur au lycée Victor Schoelcher à Fort-de-France. Il fustige le doudouisme et se détache de l’Européocentrisme. A ses côtés Suzanne Roussi-Césaire est « une femme solaire » et engagée. Ils publient ensemble la revue « Tropiques ». Ce sera « 25 ans de vitale inspiration et de commune respiration ». Six enfants naîtront de cette union. Césaire rencontre André Breton, Blaize Cendrars… Picasso illustre dix de ses poèmes. En 1955 est publié « Le discours sur le colonialisme » ce colonialisme  rejeté comme une forme de la barbarie, au même titre que le nazisme. Il demeure cependant un intellectuel français et antillais. « Pour moi l’écriture est liée au français et pas au créole, c’est tout ! ». Impressionné par l’histoire du peuple haïtien, il publie en 1963 « La tragédie du roi Christophe ». Elle décrit la lutte du peuple haïtien pour sa liberté. « Moi laminaire » fut son dernier recueil de poèmes publié en 1982.

 

Les choix politiques

 

Les choix politiques d’Aimé Césaire évoluent. Il rompt avec le PC en 1956 et un an plus tard fonde le parti progressiste martiniquais. Il devient maire de Fort-de-France et le restera 56 ans. Il défend « des citoyens à part entière et non des citoyens entièrement à part ». Homme de compromis il défend le rattachement à la métropole. Ses anciens élèves, Patrick Chamoiseau et Edouard Glissant, revendiquent la créolité et critiquent sa « candeur ». «Le verbe peut-il transformer le monde ? » demandent-ils. « J’écris dans le silence de l’action » répond le poète français et francophone le plus lu depuis Victor Hugo.

Mort en 2008, Aimé Césaire a reçu la reconnaissance de la France au Panthéon en 2011 sous la forme d’une plaque symbolique. François Hollande lui rendra aussi hommage en 2013. Pour Daniel Maximin, il fut « un homme indépendant, un homme de parole et de savoir » (Aimé Césaire : frère volcan).



30/03/2016
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