UTL. Femmes peintes, femmes peintres le 4 juin 2012

UTL. Femmes peintes, femmes peintres le 4 juin 2012

La cause des femmes dans l’art, depuis la préhistoire, a été défendue le 4 juin au Juvénat, avec compétence et détermination, par Maryse Lavocat, agrégée en art plastique, historienne de l’art et théologienne.

Les vénus magdaléniennes ne seraient-elles pas déjà les autoportraits d’artistes féminines  enceintes au temps de la préhistoire ? Dès le Moyen-Age la présence de femmes dans les ateliers d’enluminures est attestée mais elles ne sont pas reconnues comme créatrices. Le grand genre des scènes historiques et religieuses leur est interdit. Le nu peint par elles est déclaré obscène. Elles sont confinées comme peintres  dans les scènes familiales, les portraits et les natures mortes. Par contre, en vierges, saintes ou mères elles hantent les tableaux.

 

Transcender les interdits

 

 Plusieurs artistes féminines transcendent cependant les interdits d’une société misogyne au 17ème siècle. Artémisia Gentileschi (1593-1652), violée par son maître Tassi à 19 ans, impose  son talent et se fait reconnaître comme peintre dans la société florentine.  Inspirée par la violence réaliste du Caravage elle peint en privilégiant les teintes sombres et les contrastes forts. Louise Moillon (1610-1696), protestante convertie de force au catholicisme met toute sa vérité sensuelle dans ses fruits. Rosalba Carriera introduit le pastel en France en 1720. Anne Valayer Coster entre à l’Académie de peinture et sculpture en 1770. Elisabeth Vigée-Lebrun fut le peintre favori de Marie-Antoinette. Marie-Guillemine Benoist par le portait d’une négresse à la fin de la révolution française, défend de manière subtile l’émancipation des femmes et des esclaves. Le corps féminin demeure un sujet de choix pour les peintres.

 

Des artistes combatives

 

Au 19ème siècle le poids des hommes et celui des préjugés demeurent dominants dans « le grand art » qui échappe longtemps aux femmes. Le code napoléon fait de la femme une incapable mineure. Cependant le nombre des artistes augmente et le féminisme est en marche. L’Ecole des Beaux Arts de Paris s’ouvre aux femmes en 1880. Plusieurs artistes combatives, élèves ou modèles de grands peintres participent au mouvement impressionniste et se débarrassent de la mièvrerie : Berthe Morisot, modèle puis belle-sœur d’Edouard Manet,  Mary Cassatt élève de Degas, Eva Gonzales élève et modèle de Manet, Suzanne Valladon modèle de Renoir. Rosa Bonheur peintre des chevaux et de Buffalo-Bill atteint une réputation européenne. Camille Claudel, amoureuse de son maître Rodin, veut vivre dans ses œuvres.

 

Les femmes peintres touchent tous les genres

 

Progressivement les artistes femmes s’émancipent, touchant à tous les genres, tentant des expériences dans la technique du peintre et les sujets. Frida Kahlo (1907-1954)  crie ses souffrances dans ses tableaux. Séraphine Louis de Senlis, femme de ménage, prépare elle-même ses couleurs et peint des fleurs, des fruits et des feuilles qui s’épanouissent à la figure du spectateur. Maria Elena Vieira da Silva, influencée par Fernand Léger et les cubistes, préfère les réseaux de formes fragmentées aux couleurs de terre. Meret Oppenheim crée en 1936 Le déjeuner en fourrure qui devient l’emblème du surréalisme. Niki de Saint-Phalle (1930-2002) cache sous l’humour et l’explosion des couleurs des tourments qui s’expriment dans les « Tirs » et dans les « Nanas » monumentales mais disproportionnées et tordues. Louise Bourgeois exorcise le corps qui la hante par son araignée monumentale ou sa « partouse » en jersey. Au 20ème siècle le corps féminin n’est plus épargné par les sévices qui se multiplient dans une atmosphère de violence et de guerre qui pollue toutes les civilisations.



08/06/2012
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