UTL. Guérisseurs et sorciers face à la justice dans le Finistère par Annick Le Douget le 28 mai 2017

UTL. Guérisseurs et sorciers face à la justice dans le Finistère par Annick Le Douget le 28 mai 2017

 

De 1800 à 1950, les procès montrent les mutations sanitaires en France mais aussi les insuffisances de la médecine officielle. Le Finistère comme le Morbihan paraissent longtemps à l’écart.

Les guérisseurs et rebouteux agissent dans les campagnes en faisant intervenir les forces surnaturelles, mêlant la médecine, le christianisme et la magie. L’insuffisance de la médecine officielle les favorise. Dans l’arrondissement de Châteaulin il y a 1 médecin pour 2 600 habitants.

Les guérisseurs sont le plus souvent des hommes soit 60% des prévenus : cultivateurs, meuniers, maréchaux-ferrants. La transmission se fait par les liens du sang ou de mari à femme. Souvent on relève une bonne connaissance du corps, des maladies et des plantes médicinales. Ils fabriquent des remèdes « miraculeux ».

 

Dans les procès, faire commerce de son don est une circonstance aggravante. Les opérations se font parfois en plein air comme cette opération de la cornée à Quimper en 1848. Louis le Cloarec veut marquer les patients par sa mise : chapeau à trois cornes, robe noire. Il emploie des formules cabalistiques et fait croire qu’il a l’autorisation de la médecine ; Il utilise les plantes, consulte les urines. Il comparait en 1858. Il est condamné à une amende de 15 F correspondant à 3 bouteilles de ses remèdes. En 1905 la gendarmerie de Landivisiau surprend un arrachage de dents illégal. Les peines s’aggravent jusqu’à la prison lorsqu’il y a récidive.

 

Parfois le soutien des patients se manifeste. Le guérisseur de Pont-Quéau, Sizorn, rebouteux célèbre,  a été soutenu lors de ses démêlés avec la justice par un comité de défense très actif.

Les religieuses soignantes « filles du Saint-Esprit » connurent un grand succès bien que hors la loi. En 1910, deux d’entre elles furent accusées d’avoir propagé une épidémie de dysenterie par ignorance. L’Ouest Eclair attaqua le procureur pour zèle anticlérical.

Le changement de mentalité se fit sentir dans la première moitié du 20 ème siècle à partir des travaux de Pasteur, de l’amélioration des moyens de transport et des progrès de l’hygiène, mais la médecine traditionnelle résiste.

 

Les sorciers, jeteurs de sort et magiciens inspiraient la crainte. Ils se faisaient fort de chasser la maladie par la magie et des drogues. Un estropié était soigné par Marchadour, boucher à Briec, par des frictions de crachats d’une personne née en août. Les limites étaient poreuses entre sorciers et guérisseurs. Marie-Joseph le Toer de Clohars-Carnoet soignait des vaches par un cœur de veau réduit en poudre mais elle accusa un journalier d’avoir jeté un sort. Il dut quitter le village. Elle fut condamnée à deux mois d’emprisonnement. Le recours aux boucs émissaires était fréquent. Certains sorciers se faisaient fort de trouver un trésor en affrontant le diable. Un jeune homme se fit passer pour un clerc de notaire ; Il promit la découverte d’un trésor au pied d’un chêne contre 8 messes à la cathédrale et une rémunération pour lui. Il trompa ainsi 200 cultivateurs et fut condamné à 8 mois de prison.

 

Ces croyances populaires montrent un sentiment d’insécurité face aux forces extra-terrestres et à l’absence de soignants officiels.



16/06/2017
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