UTL: Science, art et religion en pays d'Islam 03 12 12

UTL : Science, Art et Religion en pays d’Islam, 03 12 12. Chercheur en histoire des mathématiques, Ahmed Djebbar s’est penché sur cette civilisation musulmane qui, du 7ème au 19ème siècle, a concerné des sociétés plurielles et cosmopolites sur trois continents. Le lundi 3 décembre, au Juvénat, il a analysé devant 150 spectateurs les liens entre les sciences, les arts et l’Islam. Appuyée sur le Coran et les paroles du prophète, cette religion sans pape et sans clergé, a déclaré « Dieu placera sur des degrés élevés ceux d’entre vous qui croient et ceux qui auront reçu la science ». Cette science, qui résout les problèmes de la vie et s’intéresse aux pratiques savantes, fixe aussi le temps des prières, le montant de l’aumône légale, le calendrier et la direction précise de la Mecque. Les savants se sont intéressés à des pratiques, parfois condamnées par les théologiens, telle l’astrologie, la musique réprouvée, les mathématiques tolérées.

 

L’art figuratif

 

L’art figuratif a également subi les mises en garde du prophète : « les anges n’entreront pas dans une maison où il y a un chien ou une image (statue)… Dieu maudit les dessinateurs ». Progressivement, un consensus s’est fait parmi les théologiens sur l’interdiction des images suspendues ou figurées sur un mur et représentant des êtres vivants, mais la tolérance a été maintenue pour les images sur tapis ou sur coussin. Les représentations en trois dimensions étaient condamnées mais les poupées et marionnettes étaient autorisées. Dans l’espace laïque les faits étaient plus nuancés. Le calife Yazid a bien interdit les images mais on les retrouve dans plusieurs palais des Omeyyades (661-750) en Jordanie et en Syrie, à Samara au 9ème siècle, dans les palais des Fatimides (909-1171) et dans l’Iran du 13ème siècle. La constellation de Persée était représentée par deux femmes et de même plusieurs autres figures de constellations se traduisaient par des humains ou des animaux sur les cartes.

 

Les muqarnas

 

Les mathématiques furent utilisées pour bâtir les minarets, tel celui en hélice de Samara. L’esthétique s’empara de l’écriture qui devint un élément artistique. L’art géométrique s’affirma dans les pavages de l’Alhambra de Grenade. Il triompha dans les muqarnas : éléments décoratifs de l’architecture islamique médiévale en forme de stalactites ou de nids d’abeille. De la Syrie à l’Andalousie, en passant par la Turquie et l’Egypte ils furent destinés à répartir les poussées des voûtes et à passer du plan carré de la salle au plan circulaire de la coupole. Dans l’Alcazar de Séville ils habillent les coins de salle de sculptures impressionnantes, à partir de quelques modèles géométriques. Ainsi se dévoilaient au gré de la faconde et de la compétence d’Ahmed, quelques aspects d’une civilisation très riche et complexe. Elle a tenu 1000 ans, gouvernant an nom de l’Islam des communautés multilingues parfois très éloignées les unes des autres.



12/12/2012
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