UTL. Spinoza penseur moderne de la laïcité par Bruno Streiff 27 03 17

UTL. Spinoza penseur moderne de la laïcité par Bruno Streiff 27 03 17

 

Excommunié par les juifs, exilé par les pasteurs protestants, interdit de séjour à Amsterdam, Spinoza(1632-1676) a défendu la liberté de pensée et un Etat débarrassé des pressions des églises, au nom de la raison. Bruno Streiff a voulu le 27 mars faire pénétrer les membres de l’UTL dans sa philosophie.

Avant Spinoza, ceux qui mettaient en cause l’ordre établi et les croyances ont été brulés tels Michel Servet et Giordano Bruno, flagellés comme Uriel da Costa ou forcés d’abjurer comme Galilée.

La famille de Baruch Spinoza, d’origine portugaise, a été bien intégrée dans Amsterdam,  ville ouverte et libérale. La richesse de la cité est liée aux voyages commerciaux de la Compagnie des Indes orientales et au marché des esclaves. D’origine juive, très intelligent, Spinoza fut éduqué par les rabbins qui voyaient en lui un successeur. Bientôt ses réflexions sur les textes sacrés l’éloignèrent de la communauté. Il noue des relations avec des érudits de toutes confessions. 

 

Dans son traité théologico-politique, seule grande œuvre publiée de son vivant, paru en 1670, il met en cause la prise de position des Eglises qui n’ont rien à voir avec le texte de la Bible. Il faut étudier le texte lui-même en  de l’imposer évitant les interprétations.  Il ose affirmer « le grand problème des religions est le communautarisme ». Il est excommunié et condamné, comme athée, au silence.

Il définit Dieu comme « la Nature naturante, éternelle et infinie ». Ses attributs sont la pensée, « je suis le verbe », et la substance. Il rejette la conception d’un monde qui a un début et une fin.  Dieu est partout c’est-à-dire nulle part.

 

L’homme « nature naturée » correspond à une modification de la substance et ses attributs sont la nature et les dimensions. Spinoza fait appel à la raison dans l’étude des textes sacrés, mettant en évidence leurs caractères historiques. Il récuse la notion de peuple élu. Chaque peuple se bat pour sa liberté. Il prône la raison plutôt que la foi et terrorise les religieux. Il critique les méfaits d’une religion trop inféodée au pouvoir.

Pour Spinoza il faut échapper à la loi de la communauté. C’est au peuple d’adopter  sa religion et non au pouvoir de l’impose. La liberté de croire et de penser, accordée à chacun, est la condition de la fin des conflits religieux. Le non-respect de ce principe pourrait être très pernicieux pour les religions persécutées. La liberté de parole doit exister également sauf pour les appels au meurtre ou au racisme.

 

L’Ethique de Spinoza, rationnelle, ne sera publiée qu’un an après sa mort, le livre sera interdit l’année suivante mais son impact sur les penseurs du 20ème siècle sera très important. Pour lui la liberté conciste dans la connaissance des causes de l’action.

Dès le 19ème siècle Goethe écrira sur l’apaisement que lui donne la lecture de Spinoza. Au 20ème siècle son influence se retrouve dans la loi de 1905 sur la séparation des  Eglises et de l’Etat, tout en garantissant la liberté de conscience. La laïcité n’est pas une hostilité à la religion. Dans la 2ème moitié du siècle, les études se sont multipliées sur la philosophie de Spinoza.

 



10/04/2017
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