Vélibor Colic : l’homme d’un pays qui n’existe plus 12 11 12

Vélibor Colic, aujourd’hui écrivain douarneniste mais hier enfant bosniaque, est né en Yougoslavie le 13 juin 1964. Il est venu au Juvénat le 13 novembre rendre compte des aventures d’un jeune européen bousculé par la guerre et l’égoïsme des peuples. Son dernier roman « Sarajevo Omnibus » se lit avec l’accent français.

Le petit Vélibor, croate en Bosnie, vit son enfance près de Sarajevo entre un père communiste et une mère très catholique, sous la dictature soft de Josip Broz, alias « le maréchal Tito » qui meurt en 1980. La Yougoslavie née au traité de Versailles en 1919 rassemble les slaves du sud : Croates, Slovènes, Serbes et Monténégrins auxquels s’ajoutent les musulmans bosniaques et albanais implantés là depuis 500 ans. Ces peuples de même langue se distinguent par la religion mais cohabitent en se mêlant sur tout le territoire.

 

Les nationalismes se déchaînent

 

A l’école Vélibor chante la gloire du maréchal et du parti, dessine l’étoile rouge, collectionne les images de Tarzan et de Pelé, le roi des footballeurs, et dévore « Croc blanc ». Il est écartelé entre le chocolat aux noisettes de sa mère et les pensums communistes de son père. Après le lycée il fait son service  dans l’armée fédérale à la frontière bulgare, se heurtant à la bêtise des chefs. Devenu animateur-producteur à la télévision il fait la promotion des jazzmen américains.

Les nationalismes se déchaînent après la chute du mur de Berlin en 1989. En 1991 Slovènes et Croates refusant la domination des Serbes sur la fédération proclament leur indépendance. La guerre des Balkans commence. Les Bosniaques d’Izetbegovic proclament eux-aussi leur indépendance en février 1992 mais Radovan Karadzic devient président de la République serbe de Bosnie. La population s’arme et le  siège de Sarajevo commence. Il durera 2000 jours.

 

Vélibor exilé

 

Vélibor engagé dans l’armée bosniaque passe 9 mois dans les tranchées puis décide de déserter en passant par la Croatie. Prisonnier trois semaines dans un camp, il saute le mur et gagne Rennes puis Strasbourg, obtenant l’asile politique en France.

Vélibor mène la vie d’un exilé pauvre, révulsé par les massacres, les viols, les destructions dans l’ex-Yougoslavie. Dans cet enfer chaque peuple sur son territoire proclame « on est chez nous », efface les autres et les élimine au besoin en épuration ethnique comme à Srebrenica avec ses 8 000 morts. Les forces de l’ONU sont impuissantes. Les villes soufrent et le vieux pont de Mostar s’effondre. Après les accords de Dayton en 1995 la guerre reprend en 1998 au Kosovo où s’opposent Serbes et séparatistes Albanais. Il faudra une intervention de l’OTAN pour arrêter les combats.

Vélibor soufre et choisit la thérapie de l’écriture. Invité au festival du cinéma de Douarnenez en 2006 il pose son sac au bord de la baie et devient un exilé qui mord la vie à pleines dents mais reste proche de cette petite patrie où il retourne en touriste « avec l’accent ».



03/12/2012
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