Alberto Giacometti, sculpteur et peintre de la figure humaine. Landerneau le 6 octobre 2015

« J’ai fait en 1914 le premier buste d’après nature » déclarait Alberto Giacometti qui naquit en Suisse en 1901. Bénéficiant des conseils de son père peintre postimpressionniste, il devint artiste dès l’enfance.

Entré à l’école des Beaux-Arts de Genève, Alberto gagne rapidement Paris où il suit les cours d’Antoine Bourdelle à l’Académie de la Grande Chaumière. Sculpteur et peintre cubiste (Compositions cubistes I et II 1926-27) il entre aussi en contact avec les arts premiers et expose « La femme cuiller » au salon des Tuileries. Sa notoriété s’affirme. Ami d’André Breton, il adhère au mouvement surréaliste en 1931. En témoigne cette « Boule suspendue » qui fait partie des objets mobiles et muets.

 

La tête humaine

 

Trop indépendant, Alberto est écarté du mouvement. La tête humaine, dans toutes ses dimensions devient le cœur de son œuvre. Pour Giacometti « la monumentalité n’est pas une affaire de taille » et les grandes statues ne sont que les agrandissements des petites. Il sculpte des statues miniatures. Les sujets : son frère Diégo, son neveu Silvio, sa mère, plus tard sa femme Annette puis Caroline, deviennent indifférents, seule compte sa représentation, vue de très loin ou de tout près. Le corps perd ses détails devenant un signe vertical, parfois coloré. Ces silhouettes fragiles portent l’empreinte du travail du sculpteur qui malaxe et entaille le plâtre ou l’argile, au doigt ou au couteau. Le socle, sur lequel se perdent les pieds est une partie intégrante de la sculpture. « La jambe », qui s’élève telle une tige torturée, repose sur une semelle plate plus grande que la base afin de renforcer l’impression de fragilité. Il aime les séries comme ces quatre femmes intimidantes sur piédestal. Sa volonté est de saisir toute la vie à travers une forme simple.

Alberto confie à Diégo la responsabilité des armatures, de la patine et de la fonte par la technique de la cire perdue.

 

Les visages issus d’une forêt de lignes

 

Le peintre, qui est aussi dessinateur,  multiplie des portraits de face. Les visages issus d’une forêt de lignes, perdent la ressemblance avec le modèle, sous le regard de l’artiste qui refuse l’anecdote et s’attache à l’atmosphère qui entoure le personnage. « Si je peins votre visage c’est faire un premier pas dans un monde inconnu » dit-il à Isaku Yanaihara. Jamais satisfait il multiplie les créations qu’il élimine ensuite. Ses portraits deviennent des « têtes noires » qui se perdent dans la matière en couches superposées.

A la fin des années 30, Alberto Giacometti a déjà commencé une carrière internationale. Après la guerre il devient une des figures les plus illustres du quartier Montparnasse. Il reçoit de grands collectionneurs et des galeristes tels Pierre Matisse et Aimé Maeght dans son atelier de la rue Hippolyte Mandron, où il met en scène ses créations. Il noue des amitiés avec des artistes tel Balthus, des écrivains comme Paul Eluard, Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre. Les grandes expositions se multiplient entre 1954 et 1965 aux Etats-Unis,  à Londres, au Danemark, en Allemagne, à Venise.

 

L’homme qui marche

 

Giacometti renonçant à son projet de monument, devant la Chase Manhattan Bank de New-York, installe, en 1964 dans la cour de la fondation Maeght, deux hommes qui marchent, deux grandes femmes et une tête. Il meurt d’épuisement cardiaque le 11 janvier 1966.

Alberto Giacometti a cherché sans relâche à restituer une réalité en mutation. Aujourd’hui l’homme qui marche, fragile mais déterminé, personnifie l’artiste dans le monde entier.



10/10/2015
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