Apogée et déclin des paysans marchands de toile L Elegoët 23 04

Les « Juloded » paysans marchands de toile de lin dominèrent, selon Louis Elégoët, la société rurale du Léon, entre le 15ème et la fin du 19ème siècle. Devant 141 membres de l’UTL, l’ancien professeur d’histoire du collège Saint-Louis a brossé lundi après-midi, au Juvénat le tableau de cette caste paysanne, avant une excursion sur le terrain dans une semaine.

 

Les pièces de toile de lin de 100 aunes

 

Les « crées », pièces de toile de lin de 100 aunes (122m), furent exportées en Angleterre, Espagne et Portugal après la guerre de Cent ans. La production décupla au 17ème siècle pour atteindre 80 000 pièces, au moment où Locronan vendait ses toiles à voile. Ensuite le déclin s’amorça, avec  la politique mercantiliste de Colbert et les guerres.

Le lin, plante exigeante, était cultivé sur les terres riches du littoral mais la région toilière s’étendait bientôt sur les 2/3 du diocèse. Le fil écru, obtenu après de multiples opérations était acheté par les paysans riches. Ils se fournissaient aussi au pays de Josselin et en Trégor. Le fil était blanchi dans des buanderies, dont il reste encore quelques ruines près des ruisseaux, puis tissé à façon par des tisserands à domicile.

 

La révolution industrielle une catastrophe

 

La richesse des « Juloded » s’étalait dans les belles habitations à étage, les vêtements de drap , l’argenterie mais aussi dans les dons à l’église. Le 17ème siècle fut l’époque des enclos paroissiaux avec les églises rénovées et les calvaires magnifiques. Après 1789 ils dirigent les communes, s’alliant entre familles.

La révolution industrielle au 19ème siècle fut une catastrophe pour les « Juloded » bretonnants qui se méfiaient des villes.  Les négociants  venus des autres provinces s’y sont enrichis par les exportations de toiles  à partir de Morlaix ou de Landerneau. S’adaptant à l’évolution ils créèrent des entreprises de plusieurs centaines d’ouvriers.   Il fallut attendre  après la 2de guerre mondiale pour voir les Léonards des campagnes vaincre leurs complexes d’infériorité et s’adapter eux-aussi au modernisme, à l’image d’Alexis Gourvennec.

Le lin offre aujourd’hui de nombreuses possibilités économiques, des Omega 3 aux meubles mais sa culture n’est pas encore relancée dans le Léon.

 



26/04/2009
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