Jean Moulin, un homme libre au service de la France par Pierre Grall 14 06 10

Jean Moulin, un homme libre au service de la France

Jean Moulin (1899-1943) dont Malraux a fait le 19 décembre 1964 un symbole de la Résistance française en fut l’unificateur et l’organisateur. Mort sans parler sous les tortures de la Gestapo, c’était un homme à la personnalité très riche avec des talents d’artiste qu’il manifesta jusqu’à ses derniers jours.

 

Le plus jeune sous-préfet de France

 

Le conférencier s’est attaché à brosser un portrait aussi complet que possible de ce héros de l’histoire de France. Issu d’un milieu républicain, radical et laïc, Jean Moulin deviendra le plus jeune sous-préfet de France à Albertville en 1925. Dès son adolescence il manifeste son goût pour le dessin et la caricature. En 1922 il expose à Chambéry sous le pseudo de « Romanin ».

Nommé sous-préfet de Châteaulin en 1930, avec l’appui de Charles Daniélou, maire de Locronan, député et plusieurs fois ministre, Jean Moulin, ami du maire Noël L’Haridon, sera à la fois un fonctionnaire aux fortes convictions républicaines et un jeune artiste ouvert aux amitiés de peintres, de sculpteurs et de poètes comme Max Jacob et Sant-Pol-Roux. Introduit dans la culture bretonne par Jean-Baptiste Lucas secrétaire général, il grave huit eaux-fortes expressionnistes pour le recueil de poèmes « Armor » de Tristan-Corbière.

Poursuivant sa carrière à Thonon, Amiens, Montargis il devient préfet de l’Aveyron en 1937. Parallèlement il contribue au cabinet de Pierre Cot, ministre de l’air, à mettre sur pied l’armée de l’air et à aider les républicains espagnols.

 

Le Résistant

 

A la déclaration de guerre à l’Allemagne, le 3 septembre 1939, Jean Moulin est préfet de Chartres. Face à l’invasion de mai-juin 40 il soutient la population et refuse de reconnaître le 17 juin, malgré les sévices des Allemands, l’implication de soldats sénégalais dans la mort de civils. Plutôt que céder, Il tente de se suicider en se tranchant la gorge. C’est son premier acte de résistant.

Révoqué en novembre 1940, Jean Moulin gagne Saint-Andiol, berceau familial en Provence. Refusant l’armistice il noue ses premiers contacts avec des résistants dont Henri Frenay, chef du mouvement Combat. Il gagne Londres en octobre 41 et présente un rapport au général De Gaulle, chef des Français libres, sur l’état de la Résistance intérieure et ses besoins. De Gaulle en fait son représentant et le charge d’unifier la Résistance intérieure qu’il connaît mal. Jean Moulin parachuté près de Salon de Provence dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier 42 accomplira sa tâche avec détermination face à la police de Vichy, à la Gestapo, aux insuffisances d’une Résistance très minoritaire et aux réticences de ses chefs. Comme témoignera Daniel Cordier son jeune secrétaire, il reste un artiste et un amateur d’art dans l’âme, ouvrant la galerie Romanin à Nice.

 

L’unificateur

 

Daniel Cordier rapportera la naissance du Bureau d’Information et de Presse (BIP confié à Georges Bidault), du Comité général des Etudes présidé par Alexandre Parodi, du Service des Atterrissages et des Parachutages. Jean Moulin réussit à créer l’Armée secrète confiée au général Delestraint puis les Mouvements Unis de la Résistance. Sa force vient des distributions de fonds aux mouvements, des parachutages d’armes et de matériel radio, des liaisons avec Londres. Tenant compte de la nouvelle donne créée par le débarquement américain et anglais en Afrique du nord en novembre 42 et du soutien de Roosevelt au général Giraud, Jean Moulin pour conforter la position de De Gaulle crée le Conseil National de la Résistance, rassemblant les Résistants et les Partis, qui votera le 27 mai 1943 une motion de soutien déterminante au chef de la Résistance.

 

Le martyr

 

Arrêté le 21 juin 1943 à Caluires par Klaus Barbie chef de la Gestapo lyonnaise, Jean Moulin torturé meurt le 8 juillet 43 lors de son transfert en Allemagne. Plusieurs thèses existeront sur cette arrestation, la plus convaincante accusant René Hardy responsable Fer du mouvement Combat. A partir des années 70 Jean Moulin sera accusé d’être un agent procommuniste par Henri Frenay et d’autres. Daniel Cordier réfutera ces attaques en faisant un appel minutieux aux documents.

Jean Moulin est entré dans l’Histoire à la tête de tous ces Résistants connus ou inconnus qui ont fait don de leur vie au service de la France. Anne-Catherine élève au lycée Jean Moulin déclarait en 1996 : « Pour moi résister / C’est résister à l’oubli / Se souvenir de ces hommes / Qui ne sont plus que des noms de rues. »



11/07/2010
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