UTL - "L'évolution du costume Rouzic" par Ghislaine Fur le 22 janvier 2018

"L'évolution du costume Rouzic" par Ghislaine Fur, présidente du cercle celtique Alc'houederien Kastellin

Madame Fur a illustré sa conférence de dessins de François Hippolyte Lalaisse (peintre et illustrateur) et de photos de Jos Le Doaré, ou de familles du pays de Châteaulin.

 

«Rouzic» est la couleur du droguet, étoffe à chaîne de lin et trame de laine, laine de mouton noir/roux. Cette couleur marron fut jusqu’en 1870 la couleur du costume du paysan, ensuite elle fut noire. Ce costume était constitué d’un gilet échancré et d’une veste non fermée, les deux ornés de boutons de jais qui par leur nombre indiquaient le rang social de l’individu. Le bragou berr était agrémenté d’une ceinture de cuir, bientôt remplacée par une ceinture de flanelle. Au fil du temps, le gilet fermé par deux boutons bas, s’est élargi et échancré. Une grande échancrure était, elle aussi, signe de richesse. Pour le travail, l’homme portait une blouse. Quant au chapeau en taupé il variera peu : les bords sont garnis de velours comme le ruban retenu par une boucle carrée ou rectangulaire qui laisse les pans flotter. Aux noces (époque 1900-1910), les sonneurs recevaient du marié une pièce de velours dont ils paraient leur chapeau qui prenait de la pointe et du volume ! Au lendemain de la noce, ils vendaient cette pièce d’étoffe aux couturières (spécificité du pays Rouzic). La mode «civile» atteindra les hommes plus tôt que les femmes (au sortir de la guerre 14-18), mais ils conserveront longtemps le chapeau.

 

Les femmes des villages autour de Châteaulin, portaient différentes coiffes : il y avait les modes de Kastellin, de Pleyben, de Gouézec… de Brasparts qui a osé les ailes en oreilles de Mickey ! Cette coiffe à bonnet profond a évolué, du XVIIIe siècle où les cheveux étaient dissimulés par une visagière aux pans très longs, jusqu'aux années 1950 où elle est devenue une petite coiffe légère en tulle carré, posée sur une chevelure bouclée. A la fin du XIXe siècle, elle était parée d’une cocarde de plumes les jours de fête. Faute de repasseuses dans les années 50, le fond était parfois tenu par un fond de boîte à sucre ; les repasseuses se servaient d’un brin de paille pour donner forme et pour maintenir les ailes de la coiffe.

Sur la camisole fermée par des lacets, reposait un grand col qui a diminué au fil des ans pour être rentré devant, dans le croisé et finir par disparaître au profit d’une pèlerine. Le croisé cachait pudiquement les seins et s’ornait de plumes à la fin du XIXe comme la coiffe. Le costume était coloré jusqu'en 1870. Vers 1890 apparaît la plume noire sur le croisé (copie de la mode parisienne).

Les manches de la camisole, amples au XVIIIe, rétrécissent peu à peu en longueur et en largeur ; elles se couvrent d’une bande de velours plus ou moins large au-dessus du poignet, et sont même faites en velours selon la condition sociale.

Après la première guerre mondiale, la camisole, la jupe et le tablier sont noirs. Les jours de fête les tabliers étaient en étoffe brochée ton sur ton, ou brodée et ornée de rubans, de nœuds de couleur. Ils étaient bordés d’une large bande de dentelle ou de broderie posée avec un cache-point de perles ou de fil doré. Dans les années 30 à 50 le tablier était en crêpe georgette mais toujours brodé. La bavette aura beaucoup diminué et la jupe peu à peu a découvert la cheville.

 

 

Un grand merci à Madame Fur qui a su enrichir notre connaissance du patrimoine local, nous a surpris et même fait sourire, nous faisant passer une bonne après-midi.

 

 



29/01/2018
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