La biodiversité littorale vue par Mathurin méheut, conférence de Michel Glémarec le 22 11 10
Mathurin Méheut et la biodiversité littorale par Michel Glémarec le 22 11 10
Les travaux scientifiques dans le cadre de « Natura 2000 » permettent à la France de respecter la directive européenne de 1992 mais sont ignorés de la population. Michel Glémarec, qui fut professeur à l’UBO, a décidé d’utiliser «L’étude de la mer »de Mathurin Méheut, publiée en 1913, pour faire connaître la biodiversité littorale à travers ses habitats et mettre en valeur cette œuvre magistrale qui a rapproché l’art et la science.
Mathurin Méheut ,dessinateur dès l’enfance, puis étudiant à l’école des Beaux Arts se fait d’abord connaître comme peintre des animaux du Jardin des plantes et du zoo de Vincennes. La revue « Art et décoration » lui commande 3 articles sur les milieux aquatiques. Il vient à Roscoff pour 2 mois mais y restera 2 ans. Accueilli à la station biologique par le professeur Yves Delage, il bénéficiera de l’accès aux aquariums et du concours de quelques naturalistes dont Paul Marais de Beauchamp. Alternant les observations dans la grande salle de la station et sur les grèves aux multiples cuvettes et sites accessibles à marée basse, Mathurin Méheut se passionne pour l’exubérance des couleurs et les formes en mouvement. Il se lie d’amitié avec les pêcheurs qui l’invitent à leur bord.
Respecter la différenciation des habitats
Les algues brunes, les moules bleues, les oursins violets et les poissons chamarrés prennent place sur papier, mais dans le respect de l’exactitude des critères anatomiques, si précieuse aux scientifiques. Sur l’écran, les paysages peuplés de myriades d’organismes se succèdent et diffèrent selon l’importance de l’émersion, le relief et la nature des roches. Des études de détail complètent le tableau, mettant en valeur les caractères des spécimens représentés.
A basse mer, les espèces se réfugient et se pressent dans les fissures et crevasses où subsiste l’humidité, d’autres demeurent plus au large. La qualité de l’œuvre de Méheut est d’avoir respecté cette différenciation des habitats : les moulières sur les schistes gris-noir, les poissons, les étoiles de mer et les crabes verts des dessous de roches, les forêts d’algues ,refuges d’une multitude de brouteurs et de prédateurs dont le homard bleu tapi dans les anfractuosités, les cuvettes à dahlias de mer, les sables riches en puces de mer, vers, mollusques et poissons plats, les herbiers à zostères qui abritent entre 100 et 250 espèces. Pour le plus grand plaisir des spectateurs les tableaux se succèdent avec aussi quelques panneaux de décoration.
L’action de l’homme et les variations du climat
Aujourd’hui, selon Michel Glémarec, les milieux ont évolué, en liaison avec l’action de l’homme et les variations du climat. L’urbanisation, la construction du port de ferries, l’évolution de la pêche et de l’agriculture ainsi que le réchauffement constaté ces dernières années ont modifié les habitats et les peuplements. Les grands herbiers et les bancs de maërl ont fortement régressé, par contre le goémon de rive est en progrès. Des poissons comme le bar, la julienne, la morue, le merlan et le maquereau autrefois très rares sont bien plus fréquents.
Dans ce travail de compréhension de la chaîne de vie, les œuvres de Mathurin Méheut ont un rôle irremplaçable. « La biodiversité littorale vue par Mathurin Méheut « avec des textes de Michel Glémarec est éditée par les éditions du Télégramme.