La Chine et ses problèmes économiques par Alain Collas, le 1er décembre 2014
Alain Collas, professeur à l’Université de Bretagne Sud, lundi 1er décembre au Juvénat de Châteaulin, a su faire une présentation claire et approfondie de la Chine aux adhérents de l’UTL.
Très tôt unifiée (plus de 200 ans avant JC), sous le pouvoir d’un empereur, conforté par la doctrine de Confucius prônant le respect de l’ordre social, la Chine, « le pays », est devenue pour ses habitants le centre de la civilisation, à la périphérie les pays soumis : Vietnam, Corée, Mongolie, Xinjiang, Tibet, plus loin le monde des « barbares ».
A la fin du 18ème siècle la Chine est la 1ere puissance mondiale par ses innovations, ses exportations de textiles et de porcelaines en Europe. Les Chinois installés dans l’Asie du SE commercent avec des Hollandais, Espagnols et Portugais très actifs.
L’ouverture de l’économie
Cependant au 19ème siècle les Chinois n’ont pas vu l’importance de la révolution industrielle et se sont laissé dépasser par les Européens. Par les traités inégaux, les occidentaux obtiendront des concessions sur les côtes orientales. Au 20ème siècle, le Kouo-Min-Tang puis le Parti Communiste s’appuient sur le nationalisme pour reconquérir la puissance perdue. Il a fallu attendre Deng Xiao Ping en 1979, après les catastrophes du Maoïsme, pour une ouverture décisive de l’économie aux partenaires étrangers. La Chine demeure cependant dirigée par un Parti Communiste totalitaire, hostile à toute remise en cause.
Appuyée sur une monnaie sous-cotée, sur une main d’œuvre innombrable aux salaires dérisoires, sur le talent de ses techniciens profitant des transferts de technologie, la Chine serait redevenue la 1ère puissance économique mondiale, si on prend en compte uniquement le PNB. Elle inonde les pays capitalistes de ses produits textiles, audio-visuels et jouets.
Les problèmes sont loin d’être résolus
Pour autant tous les problèmes sont loin d’être résolus. Dans cette population qui vieillit à grande vitesse avec ses déséquilibres entre hommes et femmes, 400 millions d’habitants s’enrichissent à l’Est du développement économique mais 1 milliard de chinois pauvres sont englués, à l’intérieur du pays, dans une économie routinière qui peine à se réformer. Dans le classement de l’indice de développement humain par habitant la Chine n’est qu’au 71ème rang. Il n’y a ni système de retraite, ni sécurité sociale pour protéger une société où la solidarité familiale traditionnelle est de plus en plus difficile à conserver.
Le Parti Communiste, seul autorisé à diriger le pays, contrôle de façon autoritaire tous les aspects de la vie publique, interdisant les manifestations, les grèves, les critiques, surveillant les professeurs, les écrivains, les artistes et Internet. Mais il est devenu une aristocratie composée de clans familiaux qui contrôlent beaucoup d’entreprises et engrangent de gigantesques fortunes. Xi Jinping actuel secrétaire général et président de la République a entamé une « reprise en main » pour éliminer la corruption. Cette campagne apparait aussi comme l’élimination de rivaux tels Bo Xilai ancien gouverneur de Chong King et tenant d’une ligne maoïste dure.
Le parti doit gérer des problèmes sociaux, tels la protection sociale, qui nécessite des dépenses énormes, l’exode rural et le rééquilibrage économique nécessaire. Il doit le faire dans un contexte de croissance en baisse, même si elle est encore de +5% en 2014.
La tentation nationaliste se retrouve dans la volonté de la République populaire de récupérer Taïwan mais aussi les archipels de la Mer de Chine, à la grande colère de ses voisins. L’armée se renforce et joue un rôle de plus en plus important dans les affaires intérieures. Xi Jinping est aussi à la tête de la Commission des affaires militaires du comité central.
Selon Alain Collas, il n’est pas sûr que la Chine devienne rapidement la 1ère puissance mondiale. Elle devra vaincre ses déséquilibres, sécuriser ses approvisionnements, prendre mieux en compte ses partenaires, dont les Africains, à l’écart de tout racisme, et régler ses problèmes écologiques