La faïence de Quimper, longtemps une affaire de famille 16 12 13
Christian de la Hubaudière a éclairé lundi 16 décembre les membres de l’UTL sur la succession des faïenciers à Quimper et sur l’originalité de cette faïence longtemps ignorée.
C’est Pierre Bousquet, fils de Jean-Baptiste, qui fonda la faïencerie de Locmaria en 1708. Il fit d’abord des allers-retours, entre le midi où son père fut pipier et Quimper où naquit son fils Charles en 1710. Les atouts de Locmaria étaient, non pas la terre qui venait de Fronsac, mais l’absence de concurrence, un ancien couvent de Bénédictines, le prix bon marché de la main-d’œuvre et la proximité de la Compagnie des Indes à Port-Louis.
Les techniques de Rouen
Marie-Jeanne, la fille de Pierre Bousquet, épousa Pierre Belleveaux, peintre en faïence, qui apporta les techniques de Rouen, les poncifs et la polychromie. Leur fille Marie épousa Pierre Clément Caussy. Il inventera le cul noir et le demi-brun. Il remplacera les fours à gril par les fours à gorge plus performants. Leur petit fils, Pierre-Paul, installera à Quimper un moulin à cheval, un moulin à eau et 9 tours. Il multipliera les moules en plâtre. La cuisson du biscuit au grand feu se faisait à 1000 – 1050°C, parfois, jusqu’à 1300 ou 1400°C pour le carrelage. Les pièces émaillées se cuisaient à petit feu. Les pipes, les pièces de grès ou de terre vernissée, obtenues à partir des terres de l’Odet et destinées à un usage quotidien, assurèrent l’essentiel des recettes de la fabrique, bien plus que les pièces en « très fin ». A la fin du XVIIIème siècle, 100 ouvriers travaillaient dans la faïencerie. Ils étaient payés à la pièce. Une vierge de 1732, un plat de 1577, un bénitier, une fontaine pentagonale, un pichet, une soupière, montrent l’ouverture et l’originalité de la faïence de Quimper au XVIIIème siècle. Des éléments de poterie ont été découverts dans l’épave de la Boussole, un des deux navires de l’expédition La Pérouse, coulée en 1785, au large des îles Salomon.
L’originalité du « Quimper »
Par succession, Mademoiselle Caussy épouse Antoine de la Hubaudière ingénieur qui devient faïencier en 1771. Au début du 19ème siècle la société s’appelle « La Hubaudière juniors », elle compte 5 actionnaires. La mécanisation progresse avec l’introduction d’une machine à vapeur. Au début du 20ème siècle, trois faïenceries se partagent la clientèle : HB la Grande maison de la Hubaudière ; PB Porquier – Beau ; HR Henriot. HB sera achetée par Jules Verlingues en 1922. L’originalité du style Quimper déjà bien affirmée an 19ème siècle profite, dans les années 30, de l’essor du tourisme. Les grès Odetta, les guirlandes fleuries des décors, de nouveaux motifs régionaux ou religieux : coqs, oiseaux japonisants, vierges, saints, campagnards en costume traditionnel, petits bretons stylisés et naïfs assoiront la renommée d’une création faite main. Plus de 200 artistes renommés tels Mathurin Méheut, Yvonne Jean-Haffen, Jim Sevellec, Jean Creston, Maurice Fouillen, René Quillivic, Georges Géo-Fournier, Robert Micheau-Vernez, viendront peindre et créer des œuvres de grande qualité.
Les difficultés de gestion augmentent dans les années 6O. La faïencerie fusionnera avec celle de la société Henriot en 1969. Propriété de l’Américain Jansens en 1985, elle est actuellement la propriété de Monsieur Le Goff sous la marque Henriot.