Le Finistère, berceau de nombreux vitraux contemporains 08 02 11
Le Finistère, berceau de nombreux vitraux contemporains
Pour Gusti Hervé, responsable de la SPREV, le Finistère est un des sites français qui abrite le plus de vitraux contemporains. Le 8 février au Juvénat il a analysé cette originalité devant les adhérents de l’UTL .
Le verre est connu dès l’Antiquité, en Egypte et en Syrie, à travers des découvertes remontant à 1800 ans avant JC. Les fenêtres multicolores de la cathédrale Sainte-Sophie datent du 6ème siècle. Au Moyen-âge, l’utilisation du plomb en sertissage encourage les efforts d’amincissement du vitrail. Les plaques de verre sont obtenues par étalement d’un manchon ou d’une galette, la « cive ». Les oxydes de fer, de cobalt, de plomb ou de cuivre colorent selon le degré de cuisson. Des gabarits facilitent la découpe des plaques de verre au diamant.
Un « art nouveau »
Après le goût des 17ème et 18ème pour la clarté et le verre blanc, le 19ème revient au verre coloré par nostalgie du Moyen-âge. En fin de siècle les vitraux civils se multiplient dans les expositions universelles, les grands magasins, les gares, les cafés. Les artistes de l’école de Nancy créent un « art nouveau » aux œuvres originales faites de lignes courbes et de larges plaques colorées magnifiant la nature et le corps féminin. Après la guerre 14-18, Maurice Denis en Bretagne lance une nouvelle école. Un de ses élèves le dominicain Marie-Alain Couturier artiste et théoricien de l’art, rejetant l’académisme, sera un des acteurs du renouveau de l’art sacré au lendemain de la 2de guerre mondiale.
De jeunes talents avides de lumière et de poésie
En Finistère, dans des villes sinistrées comme Brest, les décideurs font appel à de jeunes talents avides de lumière et poésie plutôt que de pieuses images d’Epinal. Dans l’église Saint-Louis reconstruite, Jacques Bony et Maurice Rocher éclairent l’édifice tout en campant de grandes figures totémiques. Dans la chapelle de Keraudren, Léon Zack, entre 1961 et 1974, s’inspire des lueurs du soleil couchant, tramant formes et couleurs dans de grands vitraux. Au Landais, André Bouler en 1959, fait onduler le verre pourpre, bleu, jaune et blanc.
Créations de flammes et de torsades
Les artistes contemporains décoreront également chapelles et églises des bourgs plus modestes. La chapelle Bonne nouvelle à Locronan héritera des vitraux d’Alfred Manessier. A Penmarc’h, dans la chapelle de la Madeleine Jean Bazaine accueille les visiteurs par ses créations de flammes et de torsades qui explosent en gerbes colorées, dans la grande verrière du chevet. Après l’incendie de 1955, les fenêtres flamboyantes de l’église de Saint-Jean-du-Doigt seront parées par Louis-René Petit de grandes plages brunes, grises et bleues innervées de filets horizontaux qui s’entrecroisent entre des taches lumineuses. Hung Rannou à Kerdevot, Nicolas Fedorenko à Lennon, François Dilasser à la chapelle Ty Mam Doué à Kerfeunteun, Kim en Joong à l’église de Perguet en Bénodet ou René Quéré à Tréboul ont montré la variété et la puissance de ces artistes, entre figuratif et abstraction, mais tous amoureux de ces trouées lumineuses et de ces livres de verre sans paroles.