Le mystère des maladies auto-immunes par Pierre Youinou le 25 03 13

Le mystère des maladies auto-immunes par Pierre Youinou le 25 03 2013

Avec la passion du chercheur et la clarté du professeur devant ses étudiants, Pierre Youinou a analysé les dérèglements du système immunitaire devant les adhérents de l’UTL, lundi 25 mars au Juvenat.

Le système immunitaire assure la défense de l’organisme contre les agressions de 100 milliards d’agents antigènes du monde extérieur. Il arrive que le système ne reconnaisse plus l’organisme auquel il appartient et par auto-immunité lance une attaque contre soi-même. C’est la 3ème cause de morbidité en France,  après les cancers et les maladies cardiaques.

Depuis la fin du 19ème siècle la recherche a peu à peu approfondi la connaissance du phénomène d’immunité et de ses causes, les découvertes se sont accélérées depuis les années 60.

 

Les globules blancs sont les principales défenses de l’organisme contre les agressions extérieures.

Les lymphocytes sont une variété de globules blancs. Les lymphocytes B (10% du total) naissent de la moelle osseuse (Bone marrow). Ils jouent un grand rôle dans l’immunité humorale, fabriquant des anticorps contre un antigène spécifique. Ils gardent en mémoire l’antigène. Ainsi lors d’une nouvelle attaque la défense est plus rapide et plus efficace.

Les lymphocytes T (90% des lymphocytes) naissent du thymus. Ils détruisent les cellules reconnues comme étrangères, par exemple les cellules infectées, par des mécanismes complexes. On distingue aujourd’hui plusieurs catégories de lymphocytes T.

 

Toute l’auto-immunité repose sur 4 mécanismes : l‘ignorance par l’organisme ; l’apoptose, autodestruction programmée en réponse à un signal ; l’édition, l’organisme change de récepteur à la cellule qui ne reconnaît plus le soi; l’anergie, la cellule est neutralisée, jugulée, contrôlée.

Le problème est que la vie n’a pas de cellule toute blanche ou toute noire, on garde les cellules plus ou moins grises. L’organisme se retrouve dans une situation dangereuse où il ne tolère plus ses propres constituants et les attaque.  L’association de plusieurs facteurs génétiques, endogènes et environnementaux est nécessaire pour susciter ces maladies qui évoluent de façon chronique tout au long de la vie, avec des phases de poussées et de rémissions.

  

Certaines maladies auto-immunes sont spécifiques d’un seul organe : la thyroïdite (inflammation de la glande thyroïde) ; l’anémie hémolytique (destruction des globules rouges) ; le vitiligo (taches de dépigmentation sur la peau) ; le diabète (atteinte du pancréas).

D’autres maladies auto-immunes ne sont pas spécifiques : le lupus érythémateux attaque les tissus conjonctifs du corps  et atteint 9 femmes pour 1 homme; la polyarthrite rhumatoïde détruit les articulations ; le syndrome de Gougerot-Sjögzen attaque les glandes salivaires, lacrymales et la peau.

  

L’effet thérapeutique d’anticorps monoclonaux a été découvert ces dernières années. L’infliximab intervient sur le psoriasis, la maladie de Crohn, la spondylarthrite ankylosante. Le tocilizumab agit sur la polyarthrite rhumatoïde. Le  belimumab agit sur le lupus érythémateux. Le rituximab traite les lymphomes, cancers du système lymphatique.

Ces nouveaux traitements, découverts par le travail efficace des chercheurs, soulèvent beaucoup d’espoirs. Mais les prix affichés par les laboratoires multinationaux font peser une charge insupportable sur les malades. Pour Pierre Youinou « le patient n’est pas un client ».



05/04/2013
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