Les enluminures du Moyen-âge par Stéphanie Vincent le 8 avril 2013

Les enluminures du Moyen-âge par Stéphanie Vincent le 8 avril 2013

 

Durant les dix siècles du Moyen-âge, avant l’invention de l’imprimerie, Stéphanie Vincent, docteur es lettres, a examiné les enluminures des manuscrits. Le 8 avril, devant les adhérents de l’UTL elle a présenté les résultats de ses recherches.

Le livre un produit de luxe

Au Moyen-âge le livre est un produit de luxe écrit sur parchemin. Il faut un troupeau de moutons, de chèvres, de porcs  ou de veaux pour obtenir quelques grandes feuilles apprêtées par des artisans parcheminiers .

Les moines copistes, puis, à partir du 10ème siècle, des ateliers laïcs liés aux universités, illuminent les textes d’illustrations : lettrines historiées ou simplement ornées, marquant les paragraphes et miniatures. La puissance du commanditaire, noble ou riche bourgeois, apparait dans la richesse de décoration du bandeau marginal. Le peintre se permet des fantaisies, créant des êtres hybrides ou grotesques, des monstres et tout un monde fantastique aux rapports violents ou comiques. Plusieurs métiers participent à la confection d’un livre.

Les premières miniatures furent des enluminures  tirant leur nom de l’encre rouge dont elles étaient faites. Le nom fut ensuite  réservé à de petits tableaux valant par la finesse des dessins.

Quatre grands styles

On distingue quatre grands styles dans les enluminures. Le style insulaire s’inspire des entrelacs du livre de Kells, manuscrit des quatre évangiles et chef d’œuvre de l’art celte. Sur les enluminures romanes du 10ème au 12ème siècle se peignent les motifs floraux et animaliers en couleurs plus variées. Au 13ème siècle le style gothique coïncide avec l’essor des universités et d’un public aristocratique. C’est le temps des cathédrales aux croisées d’ogives mais aussi des légendes arthuriennes et des livres non religieux. Les moines perdent le monopole et les personnages peints deviennent très élégants, déhanchés, voir maniéristes.

 A la fin du Moyen-âge les enluminures, à travers plusieurs plans, introduisent la perspective et multiplient les détails. Les riches heures du duc de Berry, livre d’heures commandé au 15ème siècle par le duc Jean Ier de Berry, offrent des scènes  de vie et des architectures variées. Les couleurs se multiplient à partir de produits végétaux (fleur de safran, racine de garance), animaux (cochenilles, coquillages, foies, urines, fiels), minéraux (vert de gris, réalgar : sulfure d’arsenic, lapis-lazuli, poudre d’or). Les mélanges sont prohibés car impurs et la symbolique est partout présente dans les attitudes des personnages. Les artistes sont le plus souvent anonymes car tout vient de Dieu.

L’énigme d’une enluminure

En conclusion Stéphanie a raconté son enquête sur l’énigme d’une enluminure de style gothique, extraite d’un manuscrit du 15ème siècle,  la chronique d’histoire de Bretagne écrite par Pierre de Baud et conservée à la Bibliothèque nationale. L’enluminure représente le siège d’un château par  Bertrand Du Guesclin lors de la guerre de cent ans : Etait-ce celui de Derval ou de Châteaugiron ? Tous deux appartenaient à Jean de Malestroit grand chambellan du duché de Bretagne. L’enlumineur pour faire plaisir au commanditaire a représenté le siège de Derval en 1373 face au château de Chateaugiron.



13/04/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 257 autres membres