« Les filles de Camaret » : la vengeance d’un journaliste ?10 06 13
« Les filles de Camaret » : la vengeance d’un journaliste ?
Pour Marcel Burel de Roscanvel, venu lundi après-midi faire une conférence au Juvénat de Châteaulin, devant les adhérents de l’UTL, la chanson paillarde « Les filles de Camaret » est probablement due à Laurent Tailhade, journaliste, mis en cause par les Camarétois pour ses provocations anticléricales.
Dès la fin du 19ème siècle, Camaret est un lieu d’accueil pour des écrivains comme Gustave Toudouze, le dramaturge André Antoine, des artistes comme le peintre Charles Cottet. Les liens avec la population se renforcent lors de la crise sardinière, l’incendie de la chapelle N.D. de Rocamadour et la restauration de la tour Vauban.
La venue de Laurent Tailhade
La venue en septembre 2002, de Laurent Tailhade journaliste anarchiste, franc-maçon et anticlérical et de sa femme « Ninette », de 22 ans sa cadette, va faire monter la tension. Pendant que son mari enterre Emile Zola en novembre 2002, Ninette se promène sur le sillon devant les ouvriers des chantiers navals qui parodient la chanson « Viens poupoule » en « Viens Ninette ». Durant l’été 2003 le couple revient à l’hôtel de France avec un jeune peintre ami. Laurent fustige dans des articles destinés aux journaux parisiens « la race recuite d’ivrognerie et soumise aux prêtres ». Il critique le curé de Camaret qui « mendie » le denier du culte.
« Mon mari est parti à la pêche en Espagne »
A la suite d’incidents entre touristes et pêcheurs dans le sud-Finistère, Louis Coudurier publie dans la Dépêche quelques articles de Laurent Tailhade. La colère augmente contre le journaliste et elle explose le 23 août 1903 lors de la procession en l’honneur de N.D. de Rocamadour qui passe devant l’hôtel de France. Laurent brandit son pot de chambre et son ami exhibe son fusil de chasse. Un peu plus tard les fidèles donnent l’assaut. Laurent et Ninette seront sauvés par les gendarmes de Châteaulin qui les conduisent à Morgat. Plus tard, le curé sera condamné par le tribunal de Quimper pour les cris des fidèles « A mort Tailhade » t « l’action de force de la procession ».
Revenu à Morgat en juin 1912, Tailhade revanchard composera sans doute sa chanson sur l’air de « la marche funèbre de Pont-Calleg », en passant en bateau devant Camaret. L’allusion à « Mon mari est parti à la pêche en Espagne » correspond au début de la pêche à la langouste en 1903. L’ouverture des archives du journaliste permettra peut-être de lever le mystère. Pour les vieux Camarétois interviewés par Marcel Burel en 1980, Tailhade est un goujat qui ne savait pas vivre et traiter son voisin de « Tailhade » est une insulte.