Rentrée de l'UTL : 180 spectateurs pour Anne Guillou, le 10 10 11
Rentrée de l’UTL : 180 spectateurs pour Anne Guillou le 10 10 11
Anne Guillou, sociologue, a ressuscité lundi au Juvénat, devant 180 spectateurs, membres de l’UTL, les grandes figures de Hervé de Guébriant et Tanguy Prigent. C’était la 11ème rentrée de l’UTL des pays de Châteaulin, Crozon et Le Faou.
Venus de 34 communes du secteur, les adhérents de l’UTL faisaient confiance à Anne Guillou, elle-même fille de petit paysan léonard de Guiclan, pour présenter les deux piliers d’une paysannerie bretonne en mutation dans la première moitié du 20ème siècle.
L’Office central en 1911
Hervé Budes de Guébriant, aristocrate né à Saint-Pol-de-Léon en 1880 (mort en 1972), aurait pu vivre des revenus de ses 100 fermes. Ingénieur agronome, il voulut conforter l’alliance de la noblesse, de la paysannerie et du clergé. Avec « 11 apôtres » il créa l’Office central de Landerneau en 1911, syndicat solidaire unissant les paysans, du plus petit fermier au grand propriétaire, avec comme moteur l’élite de la profession.
Tanguy Prigent, trégorrois né à Saint Jean du doigt en 1909 (mort en 1970), dans une petite ferme près de la mer, bâtit sa vie sur la réussite scolaire. Reçu premier au Certif du canton, il créait une section socialiste à 15 ans et demi. Lui-même devenu fermier modeste, il fera de la défense des fermiers contre la toute puissance et les caprices des propriétaires le cœur de son action.
La puissance de l’Office central avec ses œuvres d’assurance mutuelle, sa coopérative d’achat et de vente, son enseignement par correspondance, sa société de crédit immobilier s’étale au-delà du Finistère. De Guébriant devient président de la Chambre d’agriculture et il organise l’émigration de familles vers l’Aquitaine, loin de Paris, monde sans Dieu.
La loi sur le fermage
Tanguy Prigent, reprenant la démarche des abbés progressistes, crée la Confédération Nationale Paysanne, syndicat des paysans cultivant qui défend les fermiers contre les ventes-saisies. La guerre accentue les oppositions. De Guébriant choisit le camp de Pétain et prend la tête de la corporation de l’agriculture. Il sera accusé de collaboration.
Tanguy Prigent, élu député en 1936, refuse les pleins pouvoirs à Pétain. Il entre dans la Résistance. De Gaulle en fait son ministre de l’agriculture et il fait voter en 1945. la loi sur le fermage. Tous deux hommes de conviction, l’un invoquant Dieu, l’autre invoquant l’homme, laissent des traces dans les campagnes.