Un petite histoire illustrée du Jazz par Guillaume. Kosmicki 18 02 13
Une petite histoire illustrée du jazz par G. Kosmicki
Au son des chorus, Guillaume Kosmicki, sur la scène de l’Agora, a fait vivre pour les adhérents de l’UTL ces artistes et ces orchestres qui ont jalonné l’histoire du jazz jusqu’aux années 50, de la Nouvelle Orléans aux grandes métropoles du nord des Etats-Unis d’Amérique.
Né à la fin du 19ème siècle dans les quartiers populaires de la Nouvelle-Orléans, le jazz, creuset d’influences variées, fut la 1ère manifestation réussie du melting-pot américain. L’origine du mot lui-même se perd entre danseurs, prostituées et musiciens afro-américains. La nouvelle musique sut profiter de l’industrie du disque naissante. Dès 1917, un premier disque est gravé de deux à trois minutes de musique par face. Le King Oliver-s Créole Jazz franchira ainsi la barre de la popularité dès 1921.
Les work songs (chants de travail) des esclaves récoltant le coton dans les plantations, ceux des petits fermiers en butte au Ku Klux Klan après l’abolition de l’esclavage en 1865, ceux des ouvriers du chemin de fer, des ports et du Mississippi, traduisent des conditions de vie très difficiles. Le quartier de Story ville à la Nouvelle-Orléans abrite un sous-prolétariat qui fréquente les bastringues et les prostituées.
Les negro-spirituals font survivre les musiques afro-américaines dans les chants tirés surtout de l’ancien testament. Puisant leur inspiration dans les Ecritures Saintes dès le 17ème siècle, les esclaves noirs ont chanté souvent a capella, se comparant volontiers aux Hébreux de la Bible comme dans « Let my people go ». Au fil du temps, les noirs introduisent les blue notes, infléchies d’un demi-ton vers le grave, les improvisations et les danses d’inspiration africaine en pas traînés. Certains, par le scat, veulent imiter les instruments.
Dans les années 30, les Gospels (God : Dieu, Spell : Parole) mettront à l’honneur les chants protestants du Nouveau testament sur des mélodies en vogue. Des quartets tel le « Golden Gate Quartet » puis, surtout après 1945, des artistes comme Mahalia Jackson et Louis Armstrong donneront leurs lettres de noblesse à des airs comme « When the Saints ».
Le blues, style où le chanteur exprime sa mélancolie et sa détresse, vient d’une expression anglaise « blue devils (les diables bleus) » qui signifie avoir les idées noires. Né en même temps que l’esclavage, il fut d’abord le « blue grass », le blues paysan. Dès 1905 W C Handy arrangeait « Memphis blues » puis récidivait avec « the Saint Louis Blues » en 1914. Les thèmes de l’amour, du sexe, de la prison, de la discrimination étaient popularisés avec l’aide d’une guitare ou d’un harmonica. Une structure élémentaire en 3 phrases : A, A, B avec John Lee Hooker débouchait plus tard sur une structure en 12 bars illustrée par Bessie Smith dans « Thinking blues » et Billie Holliday dans « Stange fruits ».
Il faut ajouter comme influences celle des Minstrel-shows, spectacles parodiques de blancs en noirs, les Marching bands de noirs lors des mariages ou enterrements ou le Rag time, combinant la musique savante européenne et le rythme des chants africains.
Les premiers Jazz bands naissent à la Nouvelle-Orléans à la fin du 19ème siècle avec cornet ou trompette, clarinette, trombone ou saxo, tuba basse ou contrebasse, banjo ou guitare ou piano et batterie. Ces fanfares et orchestres de rue privilégient les cuivres. L’ouverture de nombreuses salles de danse donne plus d’importance au piano et favorise les improvisations et les solos individuels. A côté des chefs d’orchestre comme Kid Ory , Jelly Roll Morton et King Oliver des musiciens comme Sidney Bechet et plus encore Louis Armstrong sont des improvisateurs hors pairs.
A partir des années 20, les grandes villes du nord, en particulier Chicago et New-York voient fleurir les big-bands comme celui de Count Basie. C’est le temps du swing. Au Cotton club de New-York, Duke Ellington crée le style Jungle. En 1935 la première représentation de Porgy and Bess de George Gershwin est donnée au Colonial Theatre de Boston. Les gangsters enrichis par la contrebande de l’alcool et les bars clandestins financent les orchestres de jazz, tandis que les musiciens entament des tournées en Europe.
Avec la guerre naît le be-bop aux mélodies plus sophistiquées jouées par de petites formations. Charlie Parker au saxo, Dizzy Gillespie à la trompette ou Thélonious Monk au piano se lancent dans des chorus audacieux. Cependant, Sidney Bechet et Louis Armstrong obtiennent des succès mondiaux dans les années 50, en adaptant le style « New Orléans » au goût du grand public. Miles Davis va bientôt suivre avec le Cool-Jazz.