UTL - "Jacques Prévert, du scénariste au poète" - Olivier Macaux - le 24.09.2018

 

UTL - Jacques Prévert, du scénariste au poète

Olivier Macaux, Dr. Es Lettres Modernes

Conférencier littéraire

 

Maurice Trintignant a dit de Prévert, qu’il était un « écrivain libertaire », comme Desnos ou Vian qu’il connut à la fin des années 20.

 

Né en 1900 à Neuilly-sur-Seine d’un père breton et d’une mère auvergnate, il vécut à Toulon quand son père perdit son emploi. Elève turbulent, il quitta l’école à 15 ans et «empila» les petits boulots. Il fut un lecteur autodidacte et on trouve dans son œuvre, des idées glanées ici et là. Par sa pensée, il se place dans la tradition anarchiste, n’admettant aucune limitation sociale ou politique.

 

Après son incorporation à Lunéville en 1920, il rencontre Yves Tanguy, Marcel Duhamel puis Raymond Queneau : ce «phalanstère de garçons» vit en colocation rue du Château, derrière la rue Montparnasse. Prévert déambule, va au cinéma, se lie à des personnage douteux, rencontre André Breton. Avec lui, il explore les zones de l’inconscient, discute de Mallarmé, des romantiques allemands et joue au «cadavre exquis» faisant parler l’inconscient en pratique collective. Cependant Prévert se sent différent, se méfie des intellectuels, voulant une conception ressentie du monde. Pour lui la poésie consiste à préserver l’enfance et ses sentiments. Il ne s’intéresse pas vraiment au groupe surréaliste et Breton le pousse hors de la rue du château. Ses poèmes ne seront publiés qu’en 1946 quand on le reconnaîtra comme poète.

 

Prévert fut un artiste aux multiples talents, passant de l’aventure théâtrale avec le Groupe Octobre, à l’expérience cinématographique. Il écrivit aussi des chansons avec Joseph Cosma, chansons qui furent chantées par Marianne Oswald, Germaine Montero… Il découvrit dans le cinéma un art neuf, aux images d’un pouvoir expressif supérieur aux mots et c’est le cinéma, véritable travail d’équipe, où il écrivit comme scénariste, qui le fit connaître. Il travailla avec Grémillon, Renoir, et entre 1935 et 1945 avec Marcel Carné. Citons : Drôle de drame, Quai des brumes, Les visiteurs du soir… et avec Paul Grimaud en 1967, Le roi et l’oiseau.

 

Il fut le poète des mots : il connut le succès avec Paroles, Spectacle, La pluie et le beau temps

Barbara

Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie

Prévert chanta les mots : il n’admettait aucune limitation sociale et politique, aucune limitation aux mots. La fragilité des mots et des sentiments lui permit d’écrire, il joua avec les mots délaissant l’esprit de sérieux qui ne se trouve pas dans la poésie.

La beauté est indispensable au monde, le mal c’est la guerre où les hommes s’entretuent au nom de leurs pensées (Prévert philosophe).

Complainte du fusillé

Ils m'ont tiré au mauvais sort
par pitié
J'étais mauvaise cible
le ciel était si bleu
Ils ont levé les yeux
en invoquant leur dieu

Prévert mourut le 12 avril 1977 reconnu comme écrivain, avec sa sentimentalité romantique cachée sous la gouaille du titi parisien.

 

 

E.G-D



11/10/2018
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