UTL. Anne de Bretagne duchesse et reine de France, par Yves Coativy, le 15 12 2014
UTL. Anne de Bretagne duchesse et reine de France, par Yves Coativy, le 15 12 2014
Anne de Bretagne, femme de pouvoir dans un monde masculin, personnage emblématique de l’histoire de Bretagne, a été campée dans son époque par Yves Coativy professeur à l’UBO, le 15 décembre 2014.
La fin du Moyen-Age est marquée en Bretagne par l’affirmation du pouvoir ducal attaché à l’indépendance du duché mais aussi au renforcement de la pression française.
Dans la Bretagne du 14ème siècle, la guerre de succession dure 23 ans. Elle oppose Jean de Montfort à Jeanne de Penthièvre et son époux Charles de Blois. Derrière ces deux familles ce sont les rois d’Angleterre et de France qui se battent dans la cadre de la guerre de 100 ans. La Peste noire affaiblit le duché ravagé par la guerre et la figure de l’Ankou se dresse dans les églises. La victoire de Jean IV Montfort, longtemps difficile, sera confortée par l’échec du roi de France Charles V pour annexer la Bretagne en 1378.
Au 15ème siècle, la Bretagne s’ouvre au grand commerce maritime. Les bateaux bretons transportent des céréales, du sel, du vin, des toiles de lin et de chanvre. Les villes côtières comme Morlaix ou Saint-Malo bénéficient de cette expansion, face à des campagnes plus traditionnelles dominées par les familles nobles.
Les ducs de Bretagne jusqu’en 1488 réussissent à maintenir l’indépendance appuyés sur le chancelier, le conseil ducal et les Etats de Bretagne. François II, père d’Anne de Bretagne, crée le parlement en 1485 pour échapper au parlement de Paris. Il se heurte à la volonté de Louis XI puis de Charles VIII d’affirmer leur suzeraineté. Les villes bretonnes tombent aux mains de l’armée française en 1487 et le duc doit signer le traité du Verger en 1488. Il doit ainsi obtenir l’accord du roi de France pour marier sa fille Anne, héritière du duché.
Anne duchesse et reine de France
Anne, née le 21 janvier 1477 succède à son père en septembre 1488. A l’initiative de ses conseillers, elle tente de résister aux prétentions du roi mais la guerre reprend, l’armée française occupe l’Est de la Bretagne. La duchesse épouse par procuration Maximilien d’Autriche. Cependant pour obtenir la paix elle doit finalement épouser Charles VIII le 6 décembre 1490, avec obligation d’épouser ensuite son successeur. Les conseillers du roi contrôlent maintenant l’administration et les finances bretonnes. Charles VIII meurt subitement le 8 avril 1498. Anne aussitôt rétablit le chancelier de Bretagne, son conseil et le Parlement. Elle convoque les Etats et ordonne de frapper monnaie en souveraine.
Elle se marie à Louis XII au château de Nantes le 8 janvier 1499. Son nouvel époux, « beau gosse », intelligent et sympathique se montre bien plus accommodant que son prédécesseur. Les institutions et libertés bretonnes sont confirmées. Anne peut diriger le duché et lever les impôts, dépensés en Bretagne. En 1505 elle effectue un pèlerinage jusqu’au Folgoët et sans doute à Saint-Jean du Doigt pour sauver son mari malade. Par contre elle n’a pas fait le Tro Breizh. Cependant, en 1506, sa fille Claude est fiancée à François d’Angoulême, le futur François Ier qu’elle épousera en mai 1514. Elle lui fait don perpétuel de la Bretagne. Claude meurt en 1524. Les membres des Etats de Bretagne jurent fidélité au roi et l’Acte d’Union est signé en 1532.
Anne mourut le 9 janvier 1514 à 37 ans. Son corps fut enterré à la basilique de Saint-Denis près de son époux. Son cœur fut déposé aux Carmes de Nantes.
Anne fut mythifiée après sa mort, soit en duchesse proche du peuple, « la duchesse en sabots », soit en souveraine, en lutte contre la France, thèse nationaliste de Jeanne Malivel et Jeanne Coroller-Danio dans « Notre Bretagne » ouvrage paru en 1922.