UTL. Brest et sa reconstruction par Patrick Dieudonné, le 12 10 2015
Brest, aujourd’hui ville de 140 000 habitants, fut à l’origine une petite bourgade sur la rive gauche de la Penfeld. Patrick Dieudonné directeur de l’Institut de géo architecture a présenté aux adhérents de l’UTL les grandes étapes de son histoire, en insistant sur la phase de la reconstruction, après la catastrophe de la seconde guerre mondiale.
Richelieu fait de ce site abrité, tout près de la rade et pas très loin des Anglais, ennemis héréditaires, un port de guerre au 17ème siècle. Il fait construire l’arsenal et le bassin de Tourville. Vauban fait de Brest une place-forte entourée de remparts et défendue par son château. Dès cette époque Brest apparait comme une ville française dans la Bretagne bretonnante, malgré l’incorporation du bourg de Recouvrance sur la rive droite en 1680.
Au 18ème siècle la grande corderie puis le bagne, dus à Choquet du Lindu, dominent bientôt l’arsenal. Le quadrillage des rues en pente vers le quartier des sept Saints, véritable centre en bordure de la rive gauche, a pour axe principal la Grand rue (rue Pasteur). La promenade publique du Cours Dajot surplombe la grève de Porstrein.
L’expansion s’accélère
Sous le Second Empire, l’expansion s’accélère. Brest est un port stratégique en bordure de l’Atlantique. De nouveaux ateliers métalliques, sur le plateau des Capucins, sont édifiés à la demande de la marine. Un grand pont tournant, "Pont Impérial puis National", enjambe la rivière à partir de 1856. Le port de commerce doit quitter la Penfeld pour l’anse de Saint-Marc. La gare de chemin de fer est inaugurée à l’extérieur des remparts en 1865.
Au 20ème siècle, jusqu’aux années 40, le faubourg Saint-Martin et la gare, refaite en 1936, deviennent des foyers d’une urbanisation à la recherche de nouveaux espaces. L’hôpital Augustin Morvan est construit ainsi que l’Ecole navale. L’architecte Georges Milineau élabore un plan d’aménagements et d’embellissements de la ville.
La reconstruction
Le choc de la 2de guerre mondiale est terrible. Les alliés larguent 30 000 t de bombes, entre le 7 août et le 18 septembre 1944. 4 800 immeubles sont détruits et 3 700 endommagés. Avant de reconstruire il faut déminer, nettoyer et reloger. Tandis que Brest absorbe les communes de Lambezellec, Saint-Marc et Saint-Pierre-Quilbignon, 3000 baraques, réparties en 25 cités, occupent l’espace. Les dernières seront démolies en 1975.
Jean-Baptiste Mathon, architecte urbaniste, et Maurice Piquemal, ingénieur en travaux publics, pilotent la naissance du Brest moderne.
Les remparts sont détruits au profit d’une zone verte qui sera très réduite au cours des années. Le plan ancien est à peu près respecté, cependant la pente vers la Penfeld est considérablement atténuée créant un à-pic de 30 m entre le nouveau plateau et la rivière. La rue de Siam devient l’axe principal. Un axe secondaire perpendiculaire traverse des immeubles, la place Wilson et aboutit au palais de justice.
Le pont de Recouvrance, pont levant sur la Penfeld, est inauguré en 1954. En amont, le pont de l’Harteloire est terminé dès 1951. Un hôtel de ville majestueux domine maintenant la place de la Liberté, entre rue du Siam et rue Jean Jaurès.
Les immeubles en îlots
Les immeubles, disposés en îlots rectangulaires, sont construits en matériaux locaux souvent récupérés sur place, recouverts d’un enduit de ciment. Les toitures de zinc se généralisent. Les propriétaires ont eu un grand rôle mais les architectes ont cependant profité des destructions pour élargir les rues et lutter contre une trop grande densification. La nouvelle église Saint-Louis dresse sa fine silhouette près des halles. La cité scolaire de Kérichen étale ses barres, loin du centre, à la recherche d’air et de soleil.
Critiqué pour sa rigidité et sa monotonie, le nouveau Brest, largement ouvert sur la rade comme le voulaient ses concepteurs, est aujourd’hui entré dans la réalité bretonne, à la tête d’une communauté de 8 communes, « Brest Métropole Océane », abritant 207 000 habitants.