UTL : Des femmes minoritaires dans les médias 28 02 17
UTL : Des femmes minoritaires dans les médias
« Des progrès, mais nous sommes encore loin d’une société équilibrée, entre hommes et femmes dans les médias ». Telle est la thèse développée lundi après-midi au Juvénat, devant les membres de l’UTL par Nicole Lucas docteure en histoire.
Quelles sont vos motivations pour une telle étude ?
Professeure d’histoire, mes recherches ont porté sur les manuels scolaires et plus précisément sur la place des femmes dans l’histoire. J’ai publié en 2009 « Dire l’histoire des femmes et du genre en contexte scolaire ». Leur place insuffisante dans les médias m’interpelle aussi en citoyenne.
La presse féminine joue-t-elle un rôle dans l’évolution ?
Elle fut un tremplin social au temps de l’écrit roi. « Le petit écho de la mode » né en 1880 fut un journal enseignant la couture mais aussi la vie dans la famille. « Elle » prit la relève en 1945, adaptée à la nouvelle société et abordant des sujets sensibles avec de petites touches féministes. Le courrier des lecteurs de Marie-Claire annonça les émissions comme celle de Ménie Grégoire sur RTL.
Y-a-t-il des progrès accélérés vers l’équilibre dans les médias en France ?
Les femmes sont encore très minoritaires, avec parfois des ralentissements inquiétants : 3% des journalistes en 1940, 37 % en 1998 mais simplement 39 % en 2013. A la télévision, aujourd’hui présente dans 95 % des foyers, elles sont très peu souvent en position d’autorités telles Delphine Ernotte à France Télévision ou Sylvie Pierre-Brossolette à la tête du CSA. Il en est de même parmi les grands reporters. Martine de Laroche Joubert n’a pas beaucoup de consoeurs. Plus souvent les femmes sont starisées et formatées : jeunes, jolies à la mode. Elles se heurtent au plafond de verre des hauts postes. Dans les interviews elles sont plus souvent témoins qu’experts. La publicité demeure source de stéréotypes. Par contre il y a plus de liberté sur les réseaux sociaux.
Quelle est la situation au-delà de nos frontières ?
L’égalité est mieux affirmée dans les médias de l’Europe du Nord. Par contre dans les Etats méditerranéens et du Moyen-Orient la télévision est le miroir d’une société où la religion est un frein puissant à la place des femmes, réduites souvent à l’état de speakerines ou de simples témoins. En Iran, journalistes, cinéastes mènent la lutte contre la censure.
Aujourd’hui dans les médias il y a des dynamiques à consolider, en éliminant le sexisme, pour assurer l’équilibre.