UTL : Frédéric Mallégol fait chanter Brest, le 2 février 2015
UTL : Frédéric Mallégol fait chanter Brest
« J’aime la chanson et je suis brestois ». Frédéric Mallégol, historien à l’UBO, a ainsi justifié, lundi après-midi, sa promenade, solidement argumentée, dans les chansons brestoises, devant les membres de l’UTL, au Juvénat.
Dans les six chansons préférées des Bretons, selon un sondage du Télégramme paru en 2014, Frédéric comptait fièrement 3 chansons sur Brest : « Brest » de Miossec en 2, « Lambe an dro » de Matmatah en 4, « Barbara » de Prévert et Kosma en 6. Ville portuaire, militaire et ouvrière, Brest, depuis sa création, a suscité des chansons de rue, de rire, d’amour ou de colère. Au début du 20ème siècle, dans les rues étroites et pavées se côtoyaient marins, ouvriers de l’arsenal, marchands et commères retrouvés dans les cartes postales de l’époque ou croqués par Pierre Péron.
Des refrains encore bien vivants
« Le crime de la rue Suffren » chanson truculente tirée d’un fait divers tragique recrée cet univers de beaux quartiers et de rues populaires où l’alcool permet d’oublier la misère. La complainte de « Jean Quéméneur » due à Henri Ansquer en 1912 est aussi un résumé de cette vie brestoise. Cette chanson réaliste campe, derrière un anti-héros, les paysages souvent mouillés, le peuple du port et la petite bourgeoisie. L’ouvrier de l’arsenal est un personnage majeur dans cette société, souvent moqué (« La marche des ouvriers du port ») mais aussi envié. Tous ces éléments, pris sur le vif, dans ces chansons, permettent aux habitants, encore aujourd’hui, de s’identifier à cette ville pleine de vie.
Les spectateurs de Châteaulin reprenaient en chœur les refrains, encore bien vivants dans les mémoires.
« Le tonnerre de Brest est tombé »
Selon Frédéric, la seconde guerre mondiale est une coupure tragique et traumatisante. « Barbara » poème de Jacques Prévert mis en musique par Joseph Kosma dénonce ses horreurs. Dans « Fanny de Laninon », Pierre Mac Orlan compare l’avant-guerre et cette période où « le tonnerre de Brest est tombé pas du bon côté ».
Il faudra attendre les années 90 pour assister à un regain des chansons sur Brest, intégrant les transformations de la ville et de ses activités. Les Goristes se veulent les gardiens du temple mais posent aussi, avec humour, les problèmes actuels, par exemple dans « La Penfeld aux Brestois ». Le groupe Matmatah vend « Lambé an dro » à plus de 800 000 exemplaires. Le « Brest » de Christophe Miossec est un poème sensible sur une ville en partie engloutie dans son passé.
Les spectateurs quittaient la salle, en fredonnant quelques chansons, à l’instar du cop du Stade Brestois, entonnant récemment « Fanny de Laninon « lors d’un match.