UTL. Jean Dubuffet l'insoumis 13 octobre 2014
UTL : Jean Dubuffet l’insoumis
Jean Dubuffet né en 1901 au Havre, artiste en grande partie autodidacte, se voulut insoumis face à la culture « asphyxiante ».
Passionné très tôt par le dessin, il fréquenta quelques mois l’académie Jullian en 1918 mais admirateur de l’avant-garde il chercha dans la vie pratique son inspiration, rencontrant des peintres comme André Masson mais aussi des écrivains comme Max Jacob. Après son service militaire il rompit rapidement avec la peinture et reprit le commerce familial de marchand de vin.
Séparé de sa première femme, il se maria avec Emilie Cardu (Lili au corsage à carreaux), en 1937, et reprit goût à la peinture dans les années 40. Après cette « Préhistoire » il se voulut « Homme du commun » privilégiant dans ses œuvres les actions quotidiennes, intéressé aussi par les dessins d’enfants et les objets, il chercha à égarer et à troubler, peignant ses amis « beaux malgré eux » (Jouhandeau aux lunettes). Des voyages en Algérie jusqu’au Sahara suscitèrent son intérêt pour le sable et les matières.
La célébration de la matière de 1951 à 1960 l’orienta vers la recherche de matériaux insolites : sable, pierrailles (Coursegoules), goudron mais aussi feuilles de chou ou ailes de papillon. Les dessus de table devinrent des paysages aux couleurs terreuses (Table de corail). Ses premières sculptures de « la vie précaire » témoignèrent de son goût pour des matériaux divers tel le mâchefer, l’éponge, le charbon de bois ou le papier mâché (Pince Bec).
En 1961 Jean Dubuffet abandonna la nature pour la ville. Il célèbra Paris, les magasins, la rue et la foule (Affluences) mais aussi le cloisonnement et les difficultés de communication du "Paris circus".
En 1962, à partir de petits dessins réalisés machinalement au stylo à bille en discutant au téléphone, il inaugura « L’Hourloupe » mot de jargon créé par l’artiste. Cette écriture semi-automatique en graphismes sinueux, à partir des impulsions spontanées de la main, « crée toutes sortes d’objets qui se font et se défont à mesure que le regard se transporte ». Dubuffet par cette peinture vinylique aux teintes bleues, blanches et rouges créa un nouvel univers remettant en cause notre interprétation des réalités du monde. A partir de 1967 il sculpta en polystyrène expansé des « Bornes » des « Tours », des « Monuments », le « Salon d’été » pour la Régie Renault (il sera inachevé et détruit), le « Coucou bazar », spectacle théâtral.
En 1975 ce fut une nouvelle rupture dans cette oeuvre foisonnante où l’artiste doit « peindre ce qu’il ne voit pas mais qu’il aspire à voir ». Il multiplia les dessins au feutre puis à l’encre de Chine. Il fractionna l’espace (Partitions) puis fit apparaître des personnages en pied (Psycho-sites), avant de se tourner vers l’abstraction dans les Mires. Certaines peintures gigantesques furent des montages de feuilles collées. En 1984 les « Non lieux » sur fonds noirs furent des représentations du néant peuplé de fantasmes : « apprends à te complaire à l’immatériel, les choses ne sont que des idées », écrira-t-il dans sa « Biographie à bout de course ». Il mourut le 12 mai 1985.
Jean Dubuffet a peint plus de 10 000 œuvres réparties entre le Musée des Arts décoratifs et la Fondation Dubuffet.