UTL. Jean Huitorel un Français libre 12 12 2016
UTL. Jean Huitorel un Français libre 12 12 2016
Jean Huitorel, ancien combattant des forces Françaises Libres, venu raconter son parcours de l’Espagne à l’Alsace pendant la seconde guerre mondiale, a fait salle comble au Juvénat le lundi 12 décembre.
Jean, né à Paimpol en 1920, fut avant tout un finistérien et même un châteaulinois de 1933 à 1938, son père étant inspecteur des chemins de fer. Il révèle ses talents de sportif, dans les courses de pardon, comme footballeur à l’Amicale Laïque. « J’ai battu Pierrot Côme dans le petit circuit de l’Aulne en 1937 » déclare-t-il fièrement. Devenu professeur, Jean enseigne l’éducation physique à Daoulas en 1942-43 au Collège d’Etudes Classiques et Modernes.
Pour jean Huitorel l’occupation allemande devient de plus en plus insupportable. Ne pouvant utiliser la voie de mer pour l’Angleterre, il part, en train, avec Louis Periou et 4 jeunes pour l’Espagne le 19 août 1943. Ils sont convoyés par un boulanger de Quimper et sa nièce.
Au-delà de Bordeaux, face aux contrôleurs de la Gestapo Jean affirme « Nous allons en pèlerinage à Lourdes ! », sauvant le groupe de l’arrestation. A travers le pays basque les jeunes bretons franchissent la frontière mais sont emprisonnés. Jean raconte par le menu le séjour au camp de concentration de Miranda : « Nous sommes à 30 par baraque, soumis au pain noir et aux corvées. Les WC sont une horreur !».
Fin 1943 les deux amis sont transférés à Madrid puis se retrouvent libres à Malaga. Sur un vieux paquebot ils débarquent à Casablanca le 29 décembre. Dans cette Afrique du Nord, où les Américains ont débarqué en novembre 1942, ils choisissent les Forces françaises Libres.
Jean et Louis traversent le Maghreb jusqu’en Tunisie. Jean devient tireur sur un des six obusiers de 105 de la 4ème brigade. Partis de Bône (Annaba) en Algérie, les deux amis se retrouvent à Naples le 27 avril. Les Français mènent une bataille acharnée pour enfoncer la ligne Gustav allemande, aux côtés des Américains. Ils contribuent à la victoire du mont Cassin, clé de la marche vers Rome. «Entrés à Rome, le 5 juin 1944, nous étions cantonnés dans un champ infecté de moustiques. » Mettant le cap sur les Pouilles, la 1ère division embarque à Tarente pour débarquer sur la plage de Cavalaire en Provence le 16 août. Ce fut ensuite la marche vers Colmar.
Plutôt qu’un engagement dans l’armée, Jean préfère sa carrière d’éducateur sportif. Il a enseigné l’éducation physique à l’Ecole normale d’instituteurs de Rennes de 1951 à 1976. Il fut également entraîneur du Stade rennais athlétisme et conseiller technique régional. Les spectateurs bluffés par ce récit passionné applaudissent vigoureusement le conférencier de 96 ans.