UTL - "La grand tournant de la biologie au 21e siècle" - Robert Bellé le 06 janvier 2020

UTL - "Le grand tournant de la biologie au 21e siècle", par le Professeur Robert Bellé,

          Sorbonne Université/CNRS - le 06 janvier 2020

 

 

«C’est la plus grande découverte de tous les temps dans le domaine de la biologie.» dit Catherine Jessus, directrice de l'Institut des sciences biologiques (INSB), et directrice de recherche au CNRS.

 

Le monde vivant est constitué de cellules. Les cellules d'un même organisme ont les mêmes gènes (mémoire), ne font pas les mêmes protéines. Toute fonction biologique est faite par les protéines. La biologie des systèmes est née en 2001 (Hubert Reeves «Univers : tout est système»). La biologie des systèmes est une nouvelle discipline. Considérant le génome entier, si on change un gène, on change la fonction (3000 maladies génétiques). L'espoir est de les guérir par la thérapie génique. Par exemple pour le diabète ce fut le cas par de l'insuline humaine (protéine), il y a 40 ans. Le gène modifié devient médicament = OGM, pour traiter une maladie.

 

Dans la nature, l’if par exemple, fabrique la molécule grâce à des enzymes (= des protéines). L'écorce de l'arbre est utilisée afin de produire le Taxol qui traite le cancer (molécule chimique). L'intérêt de se tourner vers la nature est son coût de fabrication très abaissé, et la quantité produite illimitée. La 1ère étape de la fabrication de la cellule artificielle est franchie en 2010. Mais en 2014, un verrou crucial saute.

 

La fabuleuse découverte d’Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna permet de modifier ou changer très facilement le gène que l’on souhaite ! La technologie, CRISPR/Cas9 permet de couper l’ADN à l’endroit choisi par l’expérimenteur (= ciseaux moléculaires) et de remplacer un gène par un autre (copier-coller). La première annonce publique a lieu en 2016. C'est un outil génétique révolutionnaire et il est utilisé dorénavant dans tous les laboratoires. L'ADN d’origine Cas 9 ADN modifié = gène modifié, protéine modifiée. Un gène est changé, et donc la protéine codée par ce gène est modifiée.

 

Il y a déjà des milliers d'applications (en effet le coût de fabrication des Cas9 est infime (50 à 100 €) :

      - thérapie humaine : le paludisme. Un moustique serait rendu résistant au parasite qui ne peut plus se transmettre. Le moustique a été modifié par Crispr/cas9. En quelques générations, les moustiques ne donnerons plus le paludisme. Applicable aussi à la dengue, le chikungunya, etc... Le paludisme ou malaria est responsable de plusieurs centaines de milliers de morts par an, notamment des enfants.

      -thérapie microbienne : Sida. Modifier les cellules humaines que le sida ne peut plus reconnaître (fait uniquement chez la souris qui n'a plus le sida, réussite en 2017).

      - maladies génétiques (modification du gène humain). Exemple chez le singe, le gène de l'embryon est modifié : les jeunes singes ne sont pas malades. Dans notre région, c’est un espoir pour la mucoviscidose

      - Maladies environnementales (doublement des cancers en 15 ans). Maladie du poumon adulte ( : les cellules immunitaires de la maladie sont traitées, modifiées par Crispr/cas9 et réinjectées au malade. Celles-ci détruisent les cellules cancéreuses (cette étape fonctionne)

 

Les applications sont infinies, la discipline en émergence. Des formations existent dans toutes les universités du monde ainsi que des milliers de créations de nouvelles équipes de recherche, de nouvelles entreprises.

 

Et la place et le rôle du citoyen ?

Les risques sont considérables :

Santé  : porte ouverte à l’eugénisme ; environnement : déséquilibres ; éthique : création d’espèces non naturelles ; manipulations génétiques humaines ; terrorisme...

Comment contrôler et par qui ? Les manipulations chez les humains sont interdites.

 

Qui décide ? Les pouvoirs publics (critère bénéfice/risque). Il convient d'informer les décideurs : ministres (santé…), 18 députés, 18 sénateurs, 10 intervenants scientifiques, 80 invités, 30 à 50 journalistes, 100 auditeurs (auditions publiques).

 

Des perspectives extraordinaires se profilent en recherche biologique, biologie des systèmes, des applications (santé, énergies, environnement), biologie synthétique. "Une mobilisation politique, industrielle et citoyenne est absolument nécessaire pour édicter de nouvelles règles".

 

Robert Bellé s'est prêté ce lundi à une formidable leçon de biologie très pédagogique, instructive et enrichissante.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



18/01/2020
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 257 autres membres