UTL. Le cas de l'Egypte par Daniel Cléach, le 9 janvier 2012

UTL. Le cas de l’Egypte, par Daniel Cleach, le 9 janvier 2012

 

Daniel Cléach, dans sa présentation de l’Egypte actuelle, a mis l’accent sur les secousses d’une histoire, bien loin d’être finie, même dans les régimes autoritaires. L’effondrement du régime d’Hosni Moubarak met en présence plusieurs forces : les révolutionnaires de la place Tarir, l’armée, les Frères musulmans et les Salafistes. L’Egypte avec ses 85 millions d’habitants représente 1/3 de la population des Etats arabes. A la jonction des pays africains et asiatiques, contrôlant la route des Indes et celle du pétrole par le canal de Suez, voisin d’Israël, c’est une puissance clé pour l’avenir du Moyen-Orient.

 

Le retour à l’ordre et au redémarrage économique

 

Cependant dans ce pays, où seuls 5 à 7 % du territoire sont irrigués, dans la vallée du Nil, 40% des Egyptiens vivent avec moins de 2 dollars par mois. L’analphabétisme atteint 45 % des Egyptiens et la démographie galopante pose le problème d’une jeunesse (1/3 des Egyptiens ont moins de 15 ans) souvent au chômage. Face aux révolutionnaires, jeunes diplômés de la place Tarir, férus d’Internet, qui demandent à l’armée de rentrer dans ses casernes et de céder le pouvoir aux civils, la grande majorité de la population veut le retour à l’ordre et le redémarrage économique. La démocratie n’intéresse que 2% de la population. L’armée, depuis le coup d’Etat des officiers en 1952 et la venue au pouvoir successivement, du général Neguib (1953_54), du colonel Nasser (1954-1970), d’Anouar el Sadate (1970-1981) et enfin d’Hosni Moubarak (1981-2011) exerce sa tutelle, forte de ses 500 000 hommes mais aussi de ses entreprises. Les trois tours des élections législatives ont fait voter plus de 50% du corps électoral mais au bénéfice des Frères musulmans qui ont raflé 40% des voix et des Salafistes qui ont obtenu 25%. « Nous avons choisi des hommes en qui nous avons confiance » déclaraient les électeurs qui bénéficiaient des services, des vivres et des écoles des islamistes. 51,5% des Egyptiens veulent un Etat islamiste.

 

L’application de la charia

 

Les Frères musulmans, confrérie religieuse fondée en 1928 par Hassan al-Banna, mettent l’accent sur la dignité, la justice et la lutte contre la corruption. Les Salafistes veulent le retour à la doctrine originelle dans le droit fil de l’Islam wahhabite. Les Djihadistes responsables des attentats de Louksor en 1997 sont partisans de la guerre sainte contre les infidèles. Les Frères musulmans prônent un régime modéré mais veulent l’application de la charia, chemin droit et clair, respectueux de la loi de Dieu et issu du Coran et de la Sunna. La charia codifie les aspects publics et privés de la vie d’un musulman mais cet ensemble de normes varie selon les pays. La nécessité de garantir le maintien du tourisme donne également au modèle turc une grande popularité. Dans un monde multiple et instable l’occident ne peut espérer pouvoir imposer son modèle, même si l’avenir est ouvert, avec la montée d’une société civile.



17/01/2012
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