UTL. Le Jazz, du be-bop à nos jours, par Guillaume Kosmicky 14 04 14
UTL. Le Jazz, du be-bop à nos jours, par Guillaume Kosmicky
Guillaume Kosmicky ouvrait le lundi 14 avril, à l’Agora, un nouveau chapitre de sa petite histoire du jazz, enrichissant son propos de projections et d’extraits musicaux.
Le jazz, né à la Nouvelle Orléans et dans les plantations du sud au début du 20ème siècle, avait gagné les grandes villes du nord dès les années 30. Les grands orchestres de swing, de Benny Goodman et Count Basie, faisaient danser les spectateurs.
Mais en 1942 naissait le be-bop. Charlie Parker au saxo alto, Dizzy Gillespie à la trompette, Bud Powell au piano, étaient les vedettes de ces petites formations dans les cabarets de Harlem comme le Minton’s Play House, avec des morceaux, tels « Salt peanuts » ou « Night in Tunisia ». C’était une musique savante et raffinée, à l’écriture hachurée, qui faisait revenir l’improvisation au premier plan. La volonté des noirs était le retour à l’esprit communautaire mais des musiciens blancs, tel Clifford Brown se lancèrent aussi dans cette nouvelle musique sophistiquée, à côté d’un jazz traditionnel, exporté dans le monde entier par Louis Armstrong, Sydney Bechet ou Ella Fitzgerald.
De nouveaux styles
Soudain en 1949, « Birth of Cool » annonce un nouveau style au timbre pur sans vibrato, sorti de la trompette magique d’un tout jeune homme de 23 ans, Miles Davis. Les musiciens blancs de la West Coast tels Chet Baker dans « My Funny Valentine », Gerry Mulligan et Dave Brubeck dans « Take Five » embrayent dans le jazz cool.
Mais au milieu des années 50 le hard-bop affirme avec violence les racines africaines du jazz et son soutien aux mouvements antiracistes, tel « The Civil Rights Movements » de Martin Luther King. Art Blakey et les Jazz Messengers, Charlie Mingus dans « Blues and Roots », Thélonious Monk dans « Round about Midnight » sont les principaux tenants de ce courant. John Coltrane veut arriver à la liberté totale dans une musique qui mêle les bruits de la vie quotidienne, comme les grincements, les crissements, au saxo alto. Dans « My favorite thing », au-delà de tous les standards, il compose un morceau de 13 minutes en 1960.
Miles Davis et le Free Jazz
Miles Davis revient au premier plan, avec « Ascenseur pour l’échafaud » en 1958. Il improvise une musique très vite connue dans le monde entier pour le film de Louis Malle. En 1959 le disque « Kind of Blues » avec le morceau « So Wat » impose son style minimaliste sur une grille d’accords réduite autour du ré mineur. C’est le jazz modal.
Le Free Jazz dans les années 6O se veut contestataire, au service de l’identité noire et de l’égalité raciale, à l’image des Black Muslims et de Malcom X. Ornette Coleman au saxo-alto, Don Cherry à la trompette, Archie Shepp au saxo ténor ou Cécil Taylor au piano laissent libre-cours à leurs improvisations déstructurées dans la quête de la liberté. Miles Davis rebondit en interprétant « My funny Valentine », avec un nouveau quintet.
Et aujourd’hui ?
A partir des années 70 le jazz se diversifie de plus en plus, au gré des influences et des recherches. Le latin jazz de Stan Getz ou de John Giberto prend ses sources dans les airs afro-cubains ou brésiliens. Le rock et les instruments électriques, après les exploits de Jimmy Hendricks à la guitare, ouvrent de nouvelles pistes au jazz fusion de Franck Zappa, Chick Choréa ou Herbie Hancock (Heads Hunters).
Aujourd’hui, en simultané, le jazz historique, toujours vivace, côtoie le new bop de Wynton Marsalis, les sonorités très aériennes de John Zorn, génial touche à tout, proche de la word music, de la musique classique et du thrash métal. Les musiques techno influencent le jazz électronique comme dans l’album « Khmer » de Nils Petter Molvaer.