UTL. Les années folles de 1919 à 1929, un stage le 7 avril 2015
UTL. Les années folles de 1919 à 1929, un stage le 7 avril 2015
Trois conférenciers Sonia de Puineuf, Guillaume Kosmicki et Olivier Macaux ont fait découvrir, à une trentaine de membres de l’UTL, cette parenthèse joyeuse des années folles, dans le Paris des années 20.
Selon Guillaume Kosmicki, entre le plus grand conflit jamais vu et le krach de Wall Street, Paris devient le haut lieu de la culture et de la fête. Ces années folles furent une tentative d’oubli dans une capitale cosmopolite. Entre les classes populaires, parfois en difficulté, et la bourgeoisie, se multiplièrent les occasions de rire, au cirque, au cinéma, au café-concert puis au music-hall, à la revue nègre, au jazz ou dans le sport.
Pour Sonia de Puineuf, Paris est la capitale des arts. Après les tableaux joyeux de Robert Delaunay et de Marc Chagall, l’Ecole de Paris s’affirme. Le mouvement Dada puis le Surréalisme rejettent la raison et privilégient l’inconscient et les automatismes avec Picabia, Joan Miro, Marcel Duchamp, Max Ernst. Les photos de Man Ray, également cinéaste, transforment le réel. A l’exemple de l’Italie, Fernand Léger s’imprègne de la modernité industrielle. Les arts déco triomphent dans l’architecture et les sculptures. Les femmes abandonnent le corset, se coupent les cheveux et mettent les vêtements de Paul Poiret ou la petite robe noire de Coco Chanel.
Olivier Macaux présente des écrivains encore marqués par la guerre. Paul Valéry écrit « Nous autres civilisations nous savons que nous sommes mortelles ». « Le paysan de Paris » d’Aragon se méfie des machines et pour Georges Bernanos les robots vont asservir l’homme. Ici encore, comme dans l’Art, les Dadaïstes et les Surréalistes remettent en cause les formes traditionnelles. Irrespectueux et extravagants, ils provoquent et révolutionnent la littérature. Après le manifeste du surréalisme en 1924, André Breton rend compte de sa rencontre avec « Nadja » simplement par de menus faits, sans analyse psychologique. Paul Eluard s’attaque au langage. Raymond Radiguet fait scandale en publiant « Le diable au corps » de même que Jean Cocteau dans « Thomas l’Imposteur ». « La garçonne » de Victor Margueritte se venge de son mari en se coupant les cheveux.
Selon Guillaume Kosmicki, les musiciens des années folles tirent un trait sur le romantisme. Erik Satie, en prélude de cette révolution, a créé dès 1917 le ballet « Parade », dansé par la troupe des ballets russes, sur un poème de Jean Cocteau. Les décors et costumes sont de Pablo Picasso. La musique et ses dissonances fut jugée « un bruit inadmissible » par les spectateurs. Erik Satie sera le père spirituel du groupe des six : Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc et Germaine Taillefer. Les sons de fanfare, l’introduction d’objets comme instruments désarçonnent le public, confronté aussi aux improvisations et aux chorus du jazz tout neuf. Mistinguett, Maurice Chevalier, Ray Ventura chantent la fête pendant que Fréhel interroge « Où sont mes amants ? ».
Dans l’après-midi, les participants se sont répartis dans des ateliers étudiant, par exemple, des tableaux de Marc Chagal, « les mariés de la tour Eiffel « en musique, le théâtre de Charles Dullin et d’Antonin Artaud.
En conclusion, la crise bouleverse cette société parisienne en 1929. Les écrivains s’engagent, du communisme au fascisme. Ravel crée le Boléro. Face à la gigantesque fresque de Raoul Dufy « La fée électricité » en 1937, le « Guernica » de Picasso annonce la Seconde guerre mondiale.