utl - "Les déséquilibres régionaux internes à la Bretagne" - Jean Ollivro - le 02 décembre 2019

UTL - le 02 décembre 2019

 

Les déséquilibres régionaux en Bretagne

Jean Ollivro, professeur à l’université de Rennes 2

Et à l’I.E.P. de Rennes

Président du think tank «Bretagne Prospective»

 

M. Ollivro nous a éclairé sur le développement des territoires, bassins de vie avec ses particularités et ses rapides changements depuis le XIXème siècle

 

      C’est la course au temps : on est passé des piétons et des charrettes, aux automobiles et au chemin de fer en deux générations. Dans les années 50, des villages ont vu arriver l’eau courante, l’électricité, les premiers tracteurs. Depuis lors, les villes, les côtes sud et l’est se sont beaucoup peuplés et développés : Rennes et Nantes sont saturées.

      Entre 1999 et 2006, le déséquilibre entre l’est et l’ouest s’est amplifié : dans le triangle Lorient, St Malo, Nantes, la population s’accroît tandis que le centre/nord accuse un déclin avec quelques exceptions comme La Gacilly, Roscoff ou encore Trémargat. Dans les centres urbains où l’immobilier est cher, sont installés les «riches», personnes âgées ou cadres, tandis qu’à la périphérie, à 20 ou 30 km demeurent les gens dont le revenu est divisé par 4. Ils sont exclus des métropoles et on devine là les prémices du mouvement des gilets jaunes et l'essor des conflits.

      La population des îles est également en déclin en grande partie à cause du tourisme, devenu une mono activité qui tue l’activité pérenne qu’est la pêche. Les acquéreurs de maisons secondaires ont peuplé les côtes, le Morbihan, les territoires de Nantes et Rennes : ils sont vieux, riches, «parisiens», cadres ou chefs d’entreprises. Les paysages se sont transformés : à Cesson Sévigné il y a désormais plus de maisons que de pommes ! A Arzon, plus grande marina de Bretagne, les champs ont disparu, il n’y a plus de paysans : on assiste à l’abandon de la ruralité et à la disparition des services publics.

      Châteaulin est un pôle de vie équidistant de Brest et de Quimper, l’immobilier y est moins cher pour les jeunes couples, c’est un carrefour d’échanges et la vie rurale se poursuit alentour. C’est une ville intermédiaire, entre deux villes distantes de 60 km environ : il y a ainsi plusieurs exemples à travers la Bretagne. Ce sont des bassins de vie où on trouve les services élémentaires, avec un équilibre rural/urbain dans un déplacement de 20 minutes.

      Dans une enquête auprès de 238 jeunes adultes, il apparaît qu’ils souhaitent vivre à la campagne dans des villes moyennes ; 32% souhaitent vivre dans des métropoles.

 

      Quelles actions pour demain ?

- Une action dans le local, le bio, la production énergétique, les espaces de co-working.

- Une action simultanée tournée vers l’extérieur : «savoir avoir besoin des autres». C’est le marketing, l’ouverture des territoires, les nouveaux transports et les services publics qui vont vers la population.

- Une action pour fabriquer notre énergie nous-mêmes et développer le numérique.

- Une action d’accueil et de solidarité dans le respect d’autrui, la reconnaissance des origines variées (la Vallée des Saints).

 

La Bretagne développe son lien à la terre et à la langue (noms de lieux). Elle développe sa capacité à faire ensemble : Un élément d’avenir.

 

                                                                                                                                                                                                          EGD



17/12/2019
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