UTL. Les juifs sous l’occupation dans le Finistère, le 09 mars 2015

UTL. Les juifs sous l’occupation dans le Finistère, le 09 mars 2015

« Il y avait des juifs dans le Finistère ? » Pour répondre à cette question ingénue, Marie-Noëlle Postic sociologue a fouillé les archives et interrogé les témoins. Le lundi 9 mars elle présentait à 150 membres de l’UTL réunis au Juvénat de Châteaulin, le résultat de ses recherches.

 

La famille Perper

 

La famille d’Ihil et Sonia Perper fut le point de départ de sa quête. Venus de Roumanie étudier la médecine et la pharmacie à Nancy en 1927, ils arrivèrent à Brasparts en 1935, fuyant les manifestations antisémites et répondant à l’annonce d’un journal médical, rédigée par Jean François Le Guillou instituteur qui les hébergea. Ils furent bien accueillis par la population.

 L’entrée de la France dans la seconde guerre mondiale puis l’arrivée au pouvoir du maréchal Pétain modifièrent la situation des juifs étrangers. Leur statut fut défini par une ordonnance du 2 octobre 1940. Ils entraient dans l’ère des humiliations et des discriminations. Le docteur Perper n’eut plus le droit d’exercer. Il put le faire cependant sur dérogation temporaire à Pleyben puis dut se réfugier à Plouneour-Menez au début de l’année 1942. Il exerça alors clandestinement. La naissance de Paul fut applaudie par Roza et Odette ses deux sœurs.

 La situation des juifs devint de plus en plus précaire après la conférence de Wanssée qui prôna la solution finale puis la rafle du Vel d’Hiv qui en annonça d’autres dans une France vichyste occupée et collaborationniste. D’abord mise en garde, en vain, par Jean Kerdoncuff fils de gendarme, la famille Perper fut arrêtée le 9 octobre 1942. Transférée à Drancy, elle y séjourna 5 mois 1/2, le docteur Perper étant très utile. Il ne réussira pas cependant à sauver sa fille Odette, un moment transférée hors du camp, pour fièvre. Le 25 mars 1943 la famille Perper avec un millier de juifs fut déportée dans le camp d’extermination de Sobibor par convoi ferroviaire. Ils furent tous gazés à l’arrivée.

 

Des morceaux de vie

 

Dans le Finistère 135 juifs furent recensés en 1940 et 46 furent déportés, dont 13 familles et 14 enfants, le plus jeune étant âgé de 9 mois. Tous durent porter l’étoile jaune, subir  brimades et vexations, perdant métier et entreprise. Ils se virent bientôt dénier le droit de vivre.

Marie-Noëlle a recueilli des morceaux de vie menée dans la peur, la traque, la haine mais aussi la sympathie et l’aide comme dans le reste de la France. Ainsi Jean Salinger, juif polonais, fourreur à Morlaix, perdit bientôt son entreprise « aryanisée ». Le préfet ordonnant la rafle des juifs étrangers dans le Finistère, David arriva dans le camp de Drancy le 15 octobre 1942. Il fut déporté à Auschwitz le 4 novembre.

 Jacques Hervé de Douarnenez, marié à une Israélite, fut arrêté avec toute sa famille le 2 décembre 1943. Ils moururent à Auschwitz en février.

 Les Jacob à Quimper étaient des commerçants. Parmi les 7 enfants, Max, poète et peintre, converti au catholicisme, ne supportait pas les humiliations que subissait sa famille. Il dénonça « l’étiquette jaune » portée ostensiblement par son frère Gaston. Celui-ci mourut à Auschwitz en février 1943. Max lui-même fut enfermé à Drancy où il mourut d’une pneumonie le 6 mars 1944, avant son départ pour l’Allemagne.

A côté de ces disparitions quelques-uns réussirent à survivre, telle cette famille Korn lancée sur les routes bretonnes et dans les campagnes pour fuir l’arrestation redoutée. Elle trouva refuge à Bolazec.

 

Marie-Noëlle Postic a su sortir du silence et de l’oubli ces vies broyées par la folie des hommes, dans le cataclysme de la guerre. Elle a rétabli chacun dans son univers familial et son individualité. Lors du débat, Jean Le Guillou, fils de Jean-François, apporta des compléments intéressants sur le sort de la famille Perper.



17/03/2015
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