UTL - "Les mystères de l'île de Pâques" - Jean AUBRY - le 17 juin 2019

UTL - "Les mystères de l'île de Pâques" - le 17 juin 2019

 

Par Jean AUBRY, professeur de lettres honoraire.

 

"Il est, au milieu du Grand Océan, dans une région où l’on ne passe jamais, une île mystérieuse et isolée ; aucune autre terre ne gît en son voisinage et, à plus de huit cents lieues de toutes parts, des immensités vides et mouvantes l’environnent. Elle est plantée de hautes statues monstrueuses, œuvres d’on ne sait quelle race aujourd’hui dégénérée ou disparue, et son passé demeure une énigme."

C’est ainsi que Pierre Loti nous fait découvrir, en 1872 dans son journal, l’île Rapa Nui ainsi que l’appelle ses habitants. L’île située à 3525 km des côtes chiliennes est de forme triangulaire de 161,8 km2 et compte environ 6000 habitants à l’heure actuelle.

En 1687 le pirate Edward Davis aperçu l’île par hasard en se dirigeant vers la Cap Horn.

Le 6 avril 1722 le jour de Pâques, elle fut visitée et baptisée par le premier européen, Jakob Roggeveen. En 1770 elle fut annexée par l’Espagne qui s’en désintéressa par la suite. Les français s’y installèrent en 1864 et l’île devint possession chilienne en 1888.

 

Migrations et peuplement

Deux hypothèses : H1 population inca venue du Pérou : expédition du Kon Tiki de Thor Heyerdahl en 1927 pour en montrer la faisabilité. H2 des Tahitiens, ils venaient d’Asie. On a pu établir un cousinage (ADN, langue, mythes, flore et faune). L’architecture est typiquement inca (pierres sans mortier). Il y eut peut-être un premier peuplement, puis un deuxième venu coloniser l’île.

 

Vie de pascuans : on peut l’imaginer à partir des légendes, des relations des premiers européens, et des découvertes archéologiques. Les premiers matamua étaient dirigés par un roi ; la société était très hiérarchisée : prêtres et nobles, chefs de guerre, artistes et artisans, pêcheurs et agriculteurs. Les habitations étaient en chaume avec une porte au raz du sol. Poules, rats, ignames, patates douces constituaient leur alimentation. Le culte des ancêtres s’est traduit par l’érection de statues, les moaïs . On pense que l’écriture était réservée aux prêtres et on ne sait pas lire la tablette découverte.

Les moaïs ont été sculptés entre 1000 et 1600 en tuf volcanique jaune qui vire au gris exposé aux intempéries. La plus grande (21 m.) est encore dans la carrière et pèse 200 T.

Une rigole était creusée autour de la statue dont la partie supérieure était sculptée, elle était redressée à l’aide de cordages et tirée à gauche puis à droite etc. pour « marcher » , glisser jusqu’à la plateforme cérémonielle où elle était dressée avec d’autres, face à la mer en forme de barrière symbolique. Chaque statue porte un pukao, sorte de chignon et ses yeux sont en corail blanc. Il y a un « cimetière de statues inachevées et certaines ont été renversées. Pourquoi ?

Plusieurs hypothèses encore : une catastrophe écologique, une sécheresse qui entraîne la disparition des arbres. ; une guerre qui décime la population ; une famine pour laquelle les prières aux dieux sont inefficaces ; un tsunami… Le culte des Moaîs disparaît et laisse la place à celui de l’homme-oiseau.

 

Au XIXème siècle ce furent des années noires pour l’île de Pâques : des milliers d’habitants furent emmenés en esclavage pour le compte de péruviens exploitant le guano ; des maladies furent introduites par les missionnaires et les planteurs Dutrou-Bornier ; en 1888 l’île est annexée par le Chili : l’île est divisée entre la réserve de Hanga Roa (6% de la surface de l’île où sont parqués les Pascuan et la Cie Williamson-Balfour qui possède le reste et y élève des moutons jusqu’en 1953. En 1966 les Pascuans reçoivent la nationalité chilienne et sont autorisés à quitter la réserve.

 

Aujourd’hui :

En 1967 les américains ont construit à Anga Roa une piste d’aviation pour une éventuelle récupération de leurs navettes et depuis le tourisme s’est développé grâce à cet aéroport. Cependant il faut désormais limiter le nombre de touristes : l’île est parc national depuis 1995 puis a été inscrite au patrimoine mondial de l’humanité en 1995.

Notre « visite » de l’île de Pâques se termine par l’évocation du vertige colossal qui prend le touriste dans le charme de cet environnement qu’a décrit Pierre Loti :

"Et, la fatigue aidant, je crois que peu à peu l’âme des anciens hommes de Rapa-Nui pénètre la mienne, à mesure que je contemple à l’horizon le cercle souverain de la mer : voici que je partage leur angoisse devant l’énormité des eaux et que tout à coup je les comprends d’avoir accumulé au bord de leur terre infime ces géantes figures de l’Esprit des Sables et de l’Esprit des Roches, afin de tenir en respect, sous tant de regards fixes, la terrible et, mouvante puissance bleue…"

 

 

 

E.G.D.

Le 24 juin 2019

 

 



25/06/2019
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