UTL. Victor Hugo, homme politique par Bernard Poignant 28 12 16
UTL. Victor Hugo, homme politique par Bernard Poignant 28 12 16
Devant 160 spectateurs de l’UTL réunis le 28 novembre au Juvenat de Châteaulin, Bernard Poignant agrégé d’histoire et très au fait du monde politique a décrit l’aspect politique de Victor Hugo qui est encore aujourd’hui l’écrivain préféré des Français.
L’allocution de Victor Hugo à son retour d’exil le 5 septembre 1870, après la proclamation de la République, a été reprise en hommage aux victimes des attentats terroristes de 2015 : « Sauver Paris, c’est plus que sauver la France, c’est sauver le monde… C’est par la fraternité qu’on sauve la liberté ».
Les funérailles du grand écrivain, le 1er juin 1885, rassemblèrent deux millions de personnes. Elles furent un grand moment de ferveur nationale. Dans une République encore fragile c’était l’occasion de souder le peuple dans un engagement républicain. Le cercueil fut exposé sous l’Arc de Triomphe avant d’être conduit au Panthéon. Victor Hugo avait écrit dans son testament ; « Je donne cinquante mille francs aux pauvres. Je désire être porté au cimetière dans leur corbillard. Je refuse l'oraison de toutes les Églises. Je demande une prière à toutes les âmes. Je crois en Dieu ».
Victor Hugo n’a pas toujours été républicain. Légitimiste sous la Restauration, orléaniste sous la monarchie de juillet, par contre, défenseur du peuple et luttant contre la misère, il fut très tôt un adversaire farouche de « Napoléon le petit » : « Que peut-il ? Tout. Qu’a t’il fait ? Rien ». Victor Hugo quitte la France en 1852, après un arrêté d’expulsion. Il s’installe à Jersey d’où il fut expulsé en 1855, pour un écrit jugé injurieux contre la reine Victoria. Il se réfugie alors à Guernesey et devient républicain.
Victor Hugo s’engagea dans la défense des opprimés. Il lutta très tôt contre la peine de mort et l’inhumanité des prisons, écrivant dès 1829 « Le journal d’un condamné ». Pour lui la peine de mort est le signe spécial de la barbarie ». Il défendra en 1871 l’amnistie pour les communards, voulant réconcilier et pardonner.
Se souvenant des guerres qui ont ensanglanté l’Europe de Valmy à Waterloo. Victor Hugo revendique l’unité européenne. En ouvrant le congrès de la paix en 1848 il déclare « Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses, les Etats-Unis d’Amérique, les Etats-Unis d’Europe ». En 1871 il récidive « La France et l’Allemagne sont essentiellement l’Europe ; l’Allemagne est le cœur, la France est la tête ».
« Les Misérables » tirés à 100 000 exemplaires en première édition exprimèrent sa lutte contre la misère : « La misère est la maladie du corps social… Détruire la misère ! Oui cela est possible ! » Une des solutions est l’éducation « A côté du pain de la vie, je veux le pain de la pensée ». « Je veux la liberté de l’enseignement mais je veux l’Etat laïque ».
Défenseur du suffrage universel masculin, pour lui il faut « rendre sa part de souveraineté à celui qui jusque-là n’avait que sa part de souffrance ». Il prend aussi la défense des femmes, affirmant en 1877 « La femme n’a d’autre loi que la loi de l’homme. Une réforme dois se faire, elle se fera au bénéfice de la civilisation, de la liberté et de la lumière ».
La présence de Victor Hugo dans le débat politique fut constante à partir de 1830. Homme d’influence, il a brouillé les frontières entre littérature et politique