UTL - "Yan'Dargent" par Jean Berthou conservateur du musée de St Servais

Yan'Dargent, par Jean Berthou, conservateur du musée Yan'Dargent de Saint Servais (29)

 

Nous avons eu plaisir à écouter Jean Berthou, formidable conteur, nous relater la vie toute en étrangeté de ce peintre du 19e siècle, né en 1824 à St Servais près de Landivisiau.

 

Yan Dargent est le fils de Claude Dargent, marchand ambulant lorrain et de Marguerite Robée, fille de l'aubergiste chez qui il a pris pension. Sa mère décède lorsqu'il a 2 ans. Son père se remarie, et Yan est élevé par ses grand-parents. De par sa grand-mère, conteuse hors pair, il connait toutes les légendes profanes et religieuses bretonnes, ainsi que la nature. Ses œuvres s'élaboreront autour de ces connaissances. A 7 ans il apprend le français. Il est confié à l'un de ses oncles, instituteur. A Landerneau, puis, à l'âge de 14 ans à Notre Dame du Kreisker à St Pol De Léon, il est un collégien médiocre. Cependant il aime les mathématiques et le dessin.

A 16 ans, son talent est ainsi repéré à l'école. A cette époque, on commence à parler de chemin de fer en Bretagne. Il est engagé à la Compagnie des Chemins de Fer de l'Ouest pour la construction de la ligne entre Morlaix et Brest. Puis en 1846, à Troyes, alors qu'il est inspecteur des chemins de fer, et que le dimanche il va dessiner dans la nature, il est remarqué par un professeur de dessin, M. Schitz. Cette rencontre est déterminante. Celui-ci le persuade d'aller à Paris apprendre la peinture.

En 1861 il expose 3 tableaux. Son talent est salué par la presse et il est remarqué par Théophile Gautier, notamment pour «les Lavandières de la Nuit». Ce tableau acheté par un anglais est perdu de vue. Vingt ans plus tard il le refait, plus grand, et en tenant compte des observations de l'époque. C'est ce tableau se trouve au musée des beaux-arts à Quimper. Il n'a pas vécu de sa peinture de son vivant mais ce sont ses très nombreuses illustrations pour les revues et livres de l'époque qui l'enrichissent. Les libraires se disputent ses services. En 1867 il se marie à la fille du peintre officiel de Napoléon III, Eugène Mathieu.

En 1870, à la guerre, il revient à St Servais. Là, il va peindre pendant 20 ans dans l'ossuaire (vidé à la Révolution). Son travail dans l'église de St Servais est remarqué par le clergé, et l'évêque de Quimper le sollicite. Ainsi il travaille pendant 8 ans dans la cathédrale (fresques). En outre il met en scène la vie quotidienne des habitants du Léon.

Il meurt en 1899 dans les bras de son fils Ernest à Paris et est enterré près de l'ossuaire de St Servais selon sa volonté.

La seconde de ses volontés est la «décollation du chef», selon une vieille coutume (et honneur) réservée aux prêtres, aux bourgeois, aux nobles qui ont donné de l'argent pour l'église, et aux peintres pour la décoration des monuments religieux. Il désirait que sa tête rejoigne les dépouilles de sa mère et de ses grand-parents dans l'ossuaire. En 1907 l'opération fut entreprise sous les yeux de son fils, et engendra surprises, aléas et rebondissements, notamment judiciaires du fait de la famille née du second mariage de son père. Ces péripéties alimentèrent la presse locale et nationale de l'époque. Sa tête fut placée dans un reliquaire en zinc et se trouve toujours dans l'ossuaire conformément à son vœu.

Le musée de St Servais lui est consacré.





18/01/2018
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